Arts
« MADAME, vous aimez les Arts, comme votre illustre époux aime la Gloire, avec Idolâtrie ! », lançait en 1801 le peintre Charles Paul Landon à l'impératrice Joséphine, alors âgée de trente-huit ans. Cette dernière a en effet joué un rôle capital dans la peinture de son temps : elle fut la première souveraine française à se constituer une collection et à la faire connaître, elle prit le parti de soutenir de jeunes artistes (Granet, Forbin ou Bergeret) et eut la personnalité et l'audace de faire se côtoyer dans sa collection œuvres anciennes et modernes.
Depuis la Révolution française, les œuvres classiques alimentaient le marché de l'art à profusion, et les salons d'art se multipliaient, fleurissant tous les deux ans depuis leur réorganisation par Vivant Denon (le grand ordonnateur du musée du Louvre, diplomate et compagnon de Napoléon en Egypte). Joséphine s'y pourvut largement, en y achetant de nombreuses toiles.
Les multiples représentations de la célèbre épopée napoléonienne n'émouvaient guère l'impératrice, pas plus que les peintures mythologiques, deux des thèmes favoris de la période Empire. Ses goûts se portaient ailleurs. Les « troubadours », peintres qui s'inspiraient du Moyen Age, mais dont la facture et la technique rappelaient les artistes flamands et hollandais du Siècle d'Or, retenaient particulièrement l'attention de Joséphine : Fleury François Richard (1777-1852) est l'un des plus grands représentants de ce mouvement (à voir tout particulièrement dans l'exposition de son chef-d'œuvre, la « Valentine de Milan »). Les sujets botaniques, animaux, exotiques ou paysagers passionnaient également l'impératrice : en témoignent par exemple les charmantes vues italiennes de Turpin de Crissé (1782-1859) ou le gracieux « Tableau représentant une jeune fille donnant à manger à des poulets » de Jeanne Elisabeth Chaudet (1767-1832).
Joséphine collectionna encore des œuvres de peintres étrangers (l'Anversois Jan Frans Van Dael, des artistes suisses) et des œuvres composées par des peintres du sexe féminin qu'on nommait à l'époque « femmes-artistes ». Son goût était sûr, généreux, intelligent et sensible.
Un ensemble d'un grand intérêt historique et artistique.
« L'impératrice et ses peintres ». Musée du Château, 92500. Rueil-Malmaison. Tél. 01.41.29.05.55. Catalogue La collection de peintures de l'impératrice Joséphine, Alain Pougetoux, 250 p., 75 euros, éditions RMN.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature