De notre envoyée spéciale
à Raritan (New Jersey)
EN FRANCE, le cancer est la deuxième cause de mortalité après les maladies cardio-vasculaires. Le vieillissement de la population participe à l'augmentation du nombre de cancers, qui a progressé de 63 % en vingt ans. Simultanément, des progrès (dans le dépistage et dans le traitement) sont intervenus puisque la mortalité par cancer n'a augmenté que de 20 %.
Cependant, beaucoup reste à faire. Dans cette optique, le groupe Johnson & Johnson Pharma (comprenant entre autre Janssen-Cilag et sa division Ortho Biotech) a la volonté d'être un acteur majeur en oncologie. Il est déjà actif dans la prise en charge la douleur cancéreuse et le traitement de l'anémie.
Ainsi, l'acquisition de la société Alza, spécialisée dans les formes galéniques innovantes, a permis de développer le premier patch de fentanyl (Durogésic) qui assure des taux constants de principe actif pendant trois jours. Cette voie d'administration, en court-circuitant le premier passage hépatique, diminue les effets secondaires. A côté de la douleur, l'anémie source de fatigue représente une plainte très fréquente des patients atteints de cancer (76 %) et altère sévèrement leur qualité de vie. Or, plus de la moitié des malades présentant une anémie n'est pas traitée (étude Ecas, « Bull Cancer », 2003 ; 90 (6), abstract 41). Avec l'époétine alfa (Eprex), glycoprotéine dont la structure est identique à l'EPO endogène, la division Ortho Biotech de Janssen-Cilag apporte une solution à ces patients.
L'AMM de Velcade dans le myélome.
Prolongeant son savoir-faire dans le traitement de la douleur et de l'anémie, J&J Pharma, par l'intermédiaire de sa société de Recherche et Développement (J&J PRD), s'investit désormais très fortement dans le développement et la commercialisation de molécules anti-néoplasiques innovantes.
Premier résultat, le développement d'un inhibiteur du protéasome, le bortezomib, découvert par Millenium Pharmaceuticals et co-développé avec J&J PRD.
Le bortezomib (Velcade) est capable d'inhiber de façon réversible l'activité protéolytique du complexe protéasome (protéines intra-cellulaires), impliqué dans les signaux intra-cellulaires et leur régulation. Cette inhibition entraîne l'arrêt de la croissance ou l'apoptose des cellules. Sur la base des données pré-cliniques, le bortezomib a été développé dans le myélome multiple (MM). L'étude pivot ayant servi de base à l'enregistrement est un essai de phase II, incluant 202 patients, atteints de MM en rechute ou réfractaires aux traitements préalables : avec le bortezomib, 35 % des patients ont présenté une réponse, dont 10 % une réponse complète. Le temps sans progression était de sept mois ; la survie médiane de 17,5 mois (alors qu'elle n'excède habituellement pas 6 à 9 mois). La réponse est indépendante du nombre et du type de traitement préalable. L'analyse intermédiaire des résultats d'un essai de phase III (étude Apex) ont été présentés à la 40e session annuelle de l'Asco. Cet essai comparait Velcade à de fortes doses de dexamethasone chez 670 patients réfractaires à trois traitements antérieurs. Il montre une amélioration significative du temps sans progression de la maladie (critère principal) chez les patients recevant Velcade : 5,7 mois versus 3,6 mois (p < 0,0001). Le taux de survie était également meilleur dans le groupe Velcade (13 décès versus 24 ; p = 0.038). On notait par ailleurs une plus faible incidence des infections de grade 3 (6,7 % vs 10,6 % ; p = 0,096). Les autres effets indésirables étaient comparables. Face à ces résultats, le double aveugle a été interrompu et l'essai se poursuit avec le bortezomib.
D'ores et déjà, les résultats cliniques obtenus avec Velcade ont conduit à une procédure d'enregistrement accéléré par la FDA en mai 2003, avec l'engagement de poursuivre les études de phase III. En Europe, l'AMM vient d'être obtenue (avril 2004).
De nombreuses molécules en développement
Avec l'arrivée de Velcade, l'engagement de J&J Pharma, ne fait que commencer. Le portefeuille de produits en développement est riche. Parmi les molécules les plus avancées, on retiendra Zarnestra, inhibiteur de la farnésyl transférase, découvert au centre de recherche de Val-de-Reuil (France) et développé (entre autres) dans le traitement de la leucémie aiguë myéloïde. Le dossier d'enregistrement européen devrait être déposé d'ici au début de l'année 2005.
Sept autres molécules prometteuses destinées au traitement des tumeurs solides et hématologiques sont actuellement en développement clinique (phase I ou II).
Remicade (infliximab) est un anticorps monoclonal recombinant anti-TNFa, en phase II, indiqué en combinaison avec la gemcitabine (Gemzar) dans la cachexie secondaire au cancer du pancréas.
Le Cnto 328 est un anticorps monoclonal chimérique anti-IL6, actuellement en phase I-II, en monothérapie dans le cancer du rein réfractaire. Le Cnto 95 est une anti-intégrine, en phase I, en monothérapie dans des tumeurs solides. L'AP 30, inhibiteur de la topo-isomérase I liposomale, est également en phase I de développement en monothérapie dans les tumeurs solides.
Un inhibiteur de kinase P38 est développé en phase I en monothérapie dans les tumeurs hématologiques. Le Tipifarnib, inhibiteur de la farnésyl-transférase est en phase II, dans la leucémie aiguë myéloïde, la myélodysplasie, les tumeurs solides et le myélome. Enfin, l'ET-743, est en phase II-III dans le sarcome des tissus mous et les tumeurs solides (sein, ovaire).
Par ailleurs, la recherche et les études précliniques se focalisent sur des molécules impliquées dans la transduction du signal, la transcription des gènes, l'angiogenèse, le cycle cellulaire, les anticorps monoclonaux, la prolifération cellulaire et l'apoptose.
Une entreprise dédiée à la recherche et au développement
Johnson & Johnson, premier groupe mondial de santé, regroupe des activités dans le domaine de la pharmacie, de la parapharmacie et du matériel médical. Le secteur pharmaceutique comprend six entités : Janssen Pharmaceutica, Ortho Mac Neil (gynécologie), Ortho Biotech (biotechnologie), Janssen-Cilag, Alza (galénique) et Centocor (biotechnologie).
J & J Pharma s'est donné pour objectif de devenir la première organisation de recherche de l'industrie pharmaceutique, à l'origine d'importantes innovations thérapeutiques. Pour soutenir une telle ambition, le groupe a créé une société à part entière, totalement consacrée à la R&D : Johnson & Johnson Pharmaceutical Research & Development, L.L.C. Ainsi, J&JPRD est né du regroupement des deux entités de recherche que possédait J&J : « R.W. Johnson Pharmaceutical Research Institute » et « Janssen Research Foundation ».
La mise en commun des savoir-faire et des ressources de ces deux structures, ainsi que l'acquisition d'entreprises biopharmaceutiques, ont fait de J&J Pharma un leader mondial de la mise au point de médicaments fondés sur la génomique, avec un engagement tout particulier dans la recherche de petites molécules et de produits biologiques.
Dr D.
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