A Rouen, on retrouve l’évocation de la Normandie romantique ; au Havre, celle de la Normandie monumentale et à Caen, une Normandie contemporaine parfois déroutante. Avec toiles, dessins, gravures, héliogravures, photographies… Rouen les fascine. Dieppe aussi. Mais c’est toute la Normandie qui a leurs faveurs. Les artistes anglais qui arrivent en masse après 1815 et les peintres romantiques français parcourent les vieilles villes, vénèrent les vestiges féodaux et les édifices religieux. Enfin, le Moyen Age revient en grâce ! Tous, avec poètes et écrivains, poussent un cri d’alarme contre le vandalisme qui se poursuit depuis la Révolution (c’est en 1802 que le citoyen qui a acheté l’abbaye de Jumièges fait sauter la voûte du chœur à l’explosif).
C’est avec deux volumes consacrés à la Haute-Normandie qu’en 1820 le Baron Taylor, Charles Nodier et Alphonse de Cailleux inaugurent les fameux « Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France ». Vingt tomes et des centaines de lithographies. Une formidable aventure bibliographique
jamais surpassée, close en 1878 avec le volume sur la Basse-Normandie.
Tous les « grands » du XIXe siècle – Bonington, Delacroix, H. Vernet, Géricault, Isabey et des dizaines d’autres y travaillèrent. Au musée de Rouen (1), peintures, dessins, aquarelles et estampes entourent, dans une scénographie lisible, les planches lithographiques de Taylor et Nodier pour une essentielle plongée dans le passé.
Cette recherche du passé se poursuit au Havre (2). La photographie est née. En 1851, l’Etat lance la « Mission héliographique », sorte d’inventaire des monuments français. Mais l’intégration de la photo à l’édition ne se fera que vers 1880, après bien des tâtonnements et c’est en 1890 que l’éditeur havrais
A.-G. Lemâle commence le chef d’œuvre qui le ruinera : « La Normandie monumentale et pittoresque ». Une centaine d’auteurs et de photographes, plus de 1 000 illustrations pour 3 000 pages.
Tous les monuments normands sont là, photographiés, héliogravés.
Avec une précision diabolique due aux retouches au burin – précision qui n’ôte rien à la poésie troublante de ces images signées Magron, Mieusement ou Letellier : le Mont-Saint-Michel ou la collégiale d’Eu mais aussi un vieux cimetière, un manoir en ruines, un sentier dans un parc…
Changement d’atmosphère à Caen (3). Les images de Noël Le Boyer (1883-1967), auteur des célèbres photos en noir et blanc accrochées autrefois dans les compartiments SNCF, ou les œuvres torturées de Mériel (né en 1955) ou encore celles, très pictorialistes, d’Esser (né en 1967), sont le trait d’union parfait entre le passé et le présent d’une Normandie reconstruite et qui sait être contemporaine dans toute l’acception du terme.
Voyages pittoresques
A l’occasion de l’exposition, Rouen, Caen et Le Havre ont demandé à trois artistes de nous raconter leurs voyages pittoresques. La réinterprétation loufoque et très personnelle de la tapisserie de Bayeux par Mogarra met ainsi un point d’orgue drôlatique et inattendu à l’évocation parfois angoissante d’une Normandie très actuelle. Enfin, à quelques kilomètres de Caen, à Falaise, le château Guillaume-le-Conquérant (4), que vous aurez vu dessiné, gravé, héliogravé, vous attend avec ses nouvelles et passionnantes découvertes archéologiques. Ne quittez surtout pas la région sans voir ou revoir cette formidable forteresse.
(2) Musée Malraux. 2, bd Clemenceau – 76600 Le Havre. Tél. : 02.35.19.62.62.
(3) Musée des Beaux-Arts de Caen, Le Château – 14000 Caen. Tél. : 02.31.30.47.70. Jusqu’au 16 août.
(4) Château Guillaume-le-Conquérant – 14700 Falaise. Tél. : 02.31.41.61.44. Tous les jours de février à Noël.
www.chateau-guillaume-leconquerant.fr
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