« La Répétition », de Catherine Corsini

Jeux dangereux

Publié le 15/05/2001
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CINEMA

DE NOTRE ENVOYEE SPECIALE
RENEE CARTON

L A répétition, c'est une scène classique du cinéma, de Bergman et de bien d'autres : des acteurs qui répètent une pièce et qui se déchirent, sur scène et dans la vie. La répétition, dans le film de Catherine Corsini, c'est aussi la névrose de Louise et ses relations troubles avec son amie d'enfance Nathalie, qu'elle retrouve dix ans après une rupture.

« Après « la Nouvelle Eve », explique la réalisatrice, l'envie m'est très vite venue de traiter d'un rapport passionnel entre deux femmes. L'une qui obtient à peu près tout ce qu'elle veut avec une incroyable facilité. Et l'autre pour qui tout est plus douloureux ». On devine facilement qui, des deux comédiennes principales, Emmanuelle Béart et la Canadienne Pascale Bussières, incarne celle qui obtient ce qu'elle veut
Elève d'Antoine Vitez et de Michel Bouquet au Conservatoire, Catherine Corsini sait de quoi elle parle quand elle montre les comédiennes en plein travail. Et sans doute a-t-elle connu, de près ou de loin, ces metteurs en scène tyranniques qui croient posséder leur actrice sous prétexte qu'ils ont une liaison avec elle.
« La Répétition » évoque donc, sans surprise, les liens inextricables entre le théâtre et la vie privée, faisant de Nathalie un personnage pas vraiment original : une comédienne fragile, toujours sur le fil du rasoir, confondant ses rôles et sa propre existence, impulsive et passionnée. Un rôle certes fait pour Emmanuelle Béart, une nouvelle fois en compétition à Cannes (après « la Belle Noiseuse », « le Temps retrouvé » et « les Destinées sentimentales ») et dans lequel elle est aussi émouvante que possible. Mais qui ne lui permet à aucun moment de surprendre. En revanche, Pascale Bussières, la déstabilisatrice déstabilisée, est étonnante, tour à tour exaltée et froide, dangereuse et déchirée.
Passant du sourire ironique de « la Nouvelle Eve » au drame sans recul de « la Répétition », Corsini en fait trop et, comme le metteur en scène de théâtre dont elle fait le portrait critique, déstabilise ses comédiennes. Cela n'empêche pas d'être ému, aussi bien par la relation entre les deux personnages que par le lien que la réalisatrice sait créer avec deux interprètes qui ne s'économisent pas.

Sortie le 29 août

CARTON Rene

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6918