LES TROUBLES de l'audition touchent aujourd'hui 5 millions de personnes, soit 7 % de la population française. Si la baisse de l'audition relève le plus souvent d'un processus naturel apparaissant généralement à l'âge de 55 à 60 ans, ce mal est loin d'être l'apanage de la vieillesse. Ce sont même les jeunes qui sont directement concernés par un problème qui demeure encore tabou dans leur esprit. Pourtant, les chiffres sont éloquents : 10 % des Français qui souffrent de troubles auditifs ont moins de 18 ans. A cet âge, niveaux sonores élevés et troubles de l'audition vont souvent de pair. « L'utilisation sans cesse croissante des baladeurs, avec l'émergence des appareils MP3, est en train de créer une future génération de déficients auditifs », avertit le Pr Christian Gelis, président de l'association JNA, qui organise notamment les Journées nationales de l'audition.
Seulement 6 % des jeunes utilisent une protection auditive.
Une récente étude JNA-Ad'Hoc Research*, menée auprès de jeunes âgés de 15 à 30 ans, permet de mieux cerner leur comportement vis-à-vis de la musique et leur niveau de connaissance des risques de la musique amplifiée sur l'audition. Plus de 55 % des jeunes reconnaissent écouter de la musique sur baladeur, dont un sur cinq de manière quotidienne. Il s'agit le plus souvent de garçons de 15 à 19 ans. Le pop-rock est en tête des musiques les plus écoutées par les jeunes. Suivent la variété française, le rap et le RnB, les musiques du monde de type zouk ou raï, les musiques électroniques et le hard metal. A noter que 62 % des 15-19 ans interrogés écoutent des musiques de style rap-RnB qui se révèlent plutôt dures pour les oreilles en matière de fréquences. Par ailleurs, 65 % d'entre eux déclarent qu'ils écoutent la musique sur baladeur à puissance moyenne, tandis qu'un tiers reconnaissent qu'ils écoutent leur appareil à forte puissance. Si le baladeur semble être le mode le moins utilisé des 15-30 ans par rapport à la chaîne hi-fi, voire l'autoradio, c'est celui avec lequel la musique est écoutée à son niveau le plus élevé. L'enquête fait en outre ressortir que seulement 6 % des jeunes ont recours à des protections auditives lors de concerts ou de soirées en discothèque, alors qu'ils sont plus d'un sur deux à avoir déjà ressenti des troubles auditifs de type acouphènes. Pourtant, 99 % des jeunes interrogés sont conscients des méfaits de la musique amplifiée sur l'audition. Mais par fatalisme, indifférence ou négligence, ils ne cessent de faire endurer à leur système auditif des dommages qui peuvent être irrémédiables.
Une réglementation des niveaux sonores à revoir.
Ces mauvaises habitudes d'expositions sonores excessives, si elles concernent principalement les jeunes de par leur mode de vie, touchent naturellement l'ensemble des générations. L'inflation sonore des cinémas, bars musicaux ou restaurants semble être communément admise par une large frange de professionnels, au détriment de la santé auditive de leurs clients. Alors que la réglementation industrielle impose un niveau sonore limité à 86 dB pour préserver la santé des salariés du secteur, il reste beaucoup à faire du côté du monde des loisirs. Le décret du 15 décembre 1998 relatif aux discothèques et lieux diffusant de la musique amplifiée limite en effet la pression acoustique à un niveau moyen de 105 dB qui peut déjà provoquer des acouphènes et, à terme, une baisse auditive.
La meilleure manière de préserver ses cellules auditives est d'utiliser des bouchons d'oreilles. Les plus simples et les moins coûteux sont réalisés en mousse de polyuréthane et anallergique. Les audioprothésistes peuvent en outre proposer des bouchons d'oreilles moulés en fonction du conduit auditif, réalisés en matière antibruit et anti-eau de mer. Certains bouchons destinés aux musiciens devant supporter des hauts volumes sonores peuvent atténuer le bruit en laissant passer la parole ou restituer un signal de sortie fidèle à celui d'entrée.
Attention toutefois à toujours garder les bouchons durant la durée de l'exposition. Sur une écoute d'une heure, le fait de retirer le bouchon ne serait-ce que cinq minutes fait perdre au dispositif 50 % de son efficacité. « Quand on se protège, il faut se protéger tout le temps. Trois quarts des troubles auditifs peuvent être résolus grâce à la prévention », martèle le Dr Christian Meyer-Bisch, consultant en audiologie à l'hôpital Beaujon (92).
* Enquête menée par téléphone du jeudi 9 au mardi 14 février 2006 par la société Ad-Hoc Research auprès d'un échantillon de 1 000 jeunes constituant un échantillon national représentatif de la population française métropolitaine des 15-30 ans.
La 9e Journée nationale de l’audition
Pour l’association JNA, l’audition, et la lutte contre les agressions qui peuvent la compromettre, doit être considérée comme une «grande cause nationale». La journée nationale de l’audition, le jeudi 9 mars, a pour objectifs de «sensibiliser le public aux risques susceptibles d’affecter l’audition, l’informer sur les mesures de prévention et les solutions en matière de correction auditive, limiter enfin, par l’information, l’incitation ou la contrainte l’intensité des émissions sonores, en particulier dans le domaine de la musique». De nombreuses initiatives sont prévues : permanences d’informations, contrôles auditifs, conférences, forums, concerts pédagogiques, expositions animés par des professionnels de l’audition issus des services ORL d’hôpitaux, audioprothésistes, orthophonistes, associations. En outre, une campagne d’informations spécialement conçue pour les jeunes abordera les dangers du bruit et de la musique amplifiée, les solutions possibles en termes de prévention et les conseils à suivre en cas de dégâts auditifs. Une brochure intitulée « Nos oreilles, on y tient ! », tirée à 250 000 exemplaires, sera distribuée. De même, 60 000 paires de protections auditives seront mises à disposition des jeunes.
Pour plus d’informations : www.audition-infos.org ; un Numéro Azur, le 0810.814.500, est également disponible pour orienter le public sur les lieux d’actions.
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