Là-bas, la guerre n'est pas un jeu d'enfant. Les enfants d'ici ne le savent pas forcément. C'est pourquoi l'organisation humanitaire Médecins du Monde (MDM) a saisi l'occasion que lui offrait la Journée mondiale de l'enfance, le 20 novembre, pour sensibiliser les enfants de 7 à 12 ans au sort d'autres enfants de leur âge, moins chanceux et victimes de la guerre et de ses atrocités. Du 20 au 25 novembre, les petits Français sont appelés à déposer les armes. C'est-à-dire à se défaire de leurs jouets guerriers en plastique.
Dans les villes où MDM est présente, notamment Fort-de-France, Rennes, Vannes, Lorient, Lyon, Grenoble, Le Havre, Rouen et Paris, les enfants pourront aller eux-mêmes déposer leurs armes en plastique dans un bac entouré de sacs de sable, semblables aux check-points que l'on voit dans les pays en conflit. A Paris, une tente sera dressée pendant cinq jours au Jardin des Plantes. Pour ceux qui habiteraient trop loin des villes impliquées dans l'opération, un site Web (www.jette-ton-arme.com) a été créé. Les enfants y « jetteront virtuellement leur arme ». Ils pourront adresser au site messages et dessins.
« Symboliquement, il s'agit de jeter son arme pour dire : dans les pays en conflit, la guerre n'est pas un jeu, explique l'organisation humanitaire. On demande que les enfants soient protégés et laissés en dehors des guerres. »
La montagne de jouets constituée sera transformée en sculptures ou totems qui prendront la direction des villes symboles de la guerre (Kaboul, Sarajevo, Grozny, etc.). Victimes directes de violence, mutilés par les mines anti-personnel, en proie à la faim, au manque de soins, enrôlés de force, deux millions d'enfants sont morts en dix ans. Six millions ont été blessés. Parmi eux, certains sont restés invalides à vie. Médecins du Monde fait état de 22 millions d'enfants réfugiés ou déplacés. Onze ans après l'adoption de la convention relative aux droits de l'enfant (1990), qui garantit un certain nombre de droits fondamentaux aux enfants, il existe encore dans le monde 300 000 enfants soldats.
Un outil pour aller plus loin
Il n'a parfois guère plus de 7 ou 8 ans. Pourtant, il participe, quelque part en Afrique ou en Amérique latine, à un conflit qui le dépasse et le broie. Dans un livre intitulé « Mondes rebelles junior »*, sorte d'encyclopédie des conflits contemporains pour expliquer aux collégiens (11-15 ans) ce qu'est la guerre et en quoi consiste l'action humanitaire, il est question de l'enfant-soldat, enlevé à l'école, entraîné à devenir brutal. « Spectateur d'atrocités contre des proches, il ne se sent pas coupable de tuer (...) Si elle survit, la petite abeille (c'est le nom des enfants-soldats en Colombie) est à jamais brisée. »
MDM a voulu être partenaire de la publication de cet ouvrage qui traite des conflits internes contemporains, dresse un portrait des acteurs principaux de ces conflits, de manière extrêmement attrayante pour un public jeune.
Il n'y a pas que l'enfant-soldat. L'encyclopédie brosse le portrait - court - du mercenaire, du trafiquant d'armes, du réfugié, du casque bleu, etc.
Cet ouvrage est « l'un des outils », imaginés par l'organisation humanitaire, « pour aller plus loin ». MDM a contacté les écoles, afin que les enfants s'impliquent aussi dans leur classe. Un kit, constitué de matériel éducatif sur les enfants et la guerre, est à la disposition des enseignants. Sur un dépliant portant une carte du monde en guerre, derrière la photo d'un enfant en pleurs, il est rappelé que « le principal est de se souvenir que les enfants ne doivent pas souffrir ».
* « Mondes rebelles, junior », Editions Michalon, 129 pages, 19 euros (124,63 F).
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