SI LES CROONERS d’outre-Atlantique ont toujours trouvé un écho très favorable en France – encore actuellement –, il n’en a pas toujours été de même pour nos chanteurs de charme, jugés trop populaires par l’ intelligentsia ; aujourd’hui, les mêmes diraient « populistes ». Jean Sablon (1906-1994) n’a malheureusement pas échappé au cours de sa longue et brillante carrière à cette discrimination. Pourtant, la variété française, et surtout le jazz, doivent beaucoup à ce « french troubadour » à la voix suave, langoureuse et de velours, qui fut à l’origine de la découverte de Django Reinhardt, dans les années 1930, et de l’introduction de rythmes chaloupés (swing, biguine, calypso, samba) – à la manière de Charles Trénet – dans son répertoire, avec la complicité du violoniste Stéphane Grappelli durant la même décennie.
Fils du compositeur Charles Sablon et frère de la chanteuse Germaine Sablon, résistante et première interprète du « Chant des partisans », le chanteur commence sa carrière en 1932 avec une chanson de Mireille, « Puisque vous partez en voyage », qui sera suivie d’autres tubes des années d’avant-guerre, dont « Vous qui passez sans me voir », écrit par deux débutants, Charles Trénet et Johnny Hess, avec qui il remporte en 1937 le grand prix du disque.
Mais devant l’incompréhension de certains qui lui reprochaient d’avoir introduit le micro en France, Jean Sablon s’exile aux Etats-Unis, patrie des vrais crooners, où il est l’équivalent de Bing Crosby, grâce à des compositions de Cole Porter et George Gershwin, et il devient ainsi l’une des rares vedettes françaises vraiment internationales.
« Jean Sablon – The Universal Masters Collection » (Emarcy/Universal) est une anthologie de 24 titres phares des catalogues français Bel Air et Festival, enregistrés en 1960 et 1970, qui regroupe des incontournables – « les Feuilles mortes », « la Vie en rose », « Clopin-Clopant » ou encore « Rose d’Ispahan » – et des standards américains brillamment adaptés en français comme « These Foolish Things » (« Ces petites choses »), « April in Paris » (« Avril à Paris ») et « Some of These Days » (« Oui, je m’en vais »). Le tout accompagné notamment par Hubert Rostaing (clarinette), Stéphane Grappelli, Maurice Vander (piano) et Daniel Humair (batterie). Plus un titre inédit. Un grand merci, Monsieur Sablon.
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