Politique du médicament

Jean-Pierre Raffarin se préoccupe de l'attractivité de la France

Publié le 28/09/2004
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LA FRANCE est-elle encore suffisamment attractive pour les industriels du médicament et notamment pour les grands groupes américains ou japonais ? Bonne question. Dans son rapport sur ce thème (1), publié (voir « le Quotidien du Médecin » du 17 mai 2004), peu avant sa disparition, Jean Marmot, président de chambre à la Cour des comptes et surtout grand connaisseur de l'univers pharmaceutique pour avoir été le premier président du Comité économique du médicament, s'inquiétait de l'avenir de cette industrie en France et surtout des les investissements futurs. Et de préconiser une action globale sur les prix, la recherche, le développement... Une politique qui ne pouvait être conduite que par l'Etat, insistait-il.
Aurait-il été entendu ? On serait tenté de le penser après la décision du gouvernement de mettre en place un « comité pour la compétitivité de l'industrie pharmaceutique » qui sera officiellement installé aujourd'hui par le Premier ministre lui-même, accompagné du ministre de la Santé et de l'Assurance-Maladie.
Jean-Pierre Raffarin entend montrer en l'occasion l'importance qu'il accorde à ce secteur d'activité.
Cette instance sera d'ailleurs composée de « hautes » personnalités du monde de l'industrie, puisque devraient y siéger Ernesto Bertarelli, président mondial de Sérono, Jean-Pierre Garnier, président international de GlaxoSmithKline, Pierre Le Sourd, président du Leem (les Entreprises du Médicament) et aussi patron de BMS France, Yves L'Epine, P-DG France du groupe japonais Takeda, Jean-François Dehecq, P-DG de Sanofi-Aventis, enfin Jean-Luc Belingard, président d'Ipsen et porte-parole du G5 (2).
Face à eux, ou à côté d'eux, siégeront les ministres compétents en matière de santé et d'assurance-maladie, d'industrie, d'économie et de recherche.

Quatre groupes de travail.
Si l'installation officielle de ce comité se déroule aujourd'hui, les séances de travail ont déjà commencé il y a un certain temps avec des représentants des industriels et des ministres. Quatre groupes de travail se sont ainsi réunis à plusieurs reprises sur des thèmes bien précis : état de l'industrie ; état de la recherche ; problèmes de fiscalité ; relations industriels-administration.
Du côté des fabricants, on se félicite que les préoccupations des chefs d'entreprises soient prises en compte au plus haut niveau, mais on reste très prudent sur les résultats de cette nouvelle concertation. « Il est bien, explique ainsi un patron, que le Premier ministre lui-même prenne le pouls de la profession. Mais il serait encore plus important que des décisions rapides propres à encourager les investissements et la recherche découlent de cette concertation. »
Pour autant, l'annonce, dans le cadre de la réforme de l'assurance-maladie, d'un plan d'économies mettant à contribution l'industrie pharmaceutique, ajoutée à une augmentation des taxes, a jeté un léger trouble au sein de la profession.
« Je souhaite vivement encourager les industriels à investir en France. Je souhaite que cet encouragement s'adresse aussi aux firmes françaises ou déjà implantées sur le sol français, qu'aux firmes étrangères qui n'ont pas encore implanté de centre de recherche en France », a expliqué Philippe Douste-Blazy lors de la dernière réunion des cadres de l'industrie pharmaceutique. D'où cette initiative du gouvernement de mettre en place ce comité stratégique sur l'attractivité de la France. Mais il est clair qu'un certain nombre de grands patrons ne se contenteront pas de promesses ou de recommandations ; ils attendent des actes et des décisions rapides. Ce que ne manqueront pas de dire aujourd'hui au Premier ministre et au ministre de la Santé les industriels qui vont siéger dans cet organisme.

(1) Rapport sur l'attractivité de la France pour les industries des biens de santé
(2) Le G5 rassemble, dans un groupe de travail et de réflexion, les cinq plus importantes firmes pharmaceutiques françaises : Pierre Fabre, Fournier, Ipsen, Sanofi-Aventis et Servier.

> JACQUES DEGAIN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7600