Sans doute fallait-il en dévoiler le moins possible sur un sujet aussi sensible.
Toujours est-il que le Premier ministre, intervenant dimanche dernier sur M6 (où il a été regardé par 3,4 millions de téléspectateurs) n'a pas dit un mot, ou presque, sur la réforme de la Sécurité sociale qui devrait marquer l'année 2004.
Certes, Jean-Pierre Raffarin ne veut pas anticiper sur les résultats de la longue concertation qui va s'ouvrir sur ce dossier, ni contrarier davantage une opinion publique qui le porte de moins en moins haut dans les sondages. Mais on espérait au moins quelques pistes de réflexion à la veille de la confirmation des comptes désastreux de l'assurance-maladie. Rien de tout cela.
La seule annonce fut en fait la confirmation officielle d'un arbitrage dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2004 : le gouvernement a renoncé à imposer une taxe forfaitaire (non remboursée) de 50 centimes sur chaque boîte de médicament, mesure étudiée cet été à la demande de Bercy. Une telle disposition « pénalise ceux qui en consomment le plus et parmi eux, il y a vraiment ceux qui en ont besoin et ceux qui ont des traitements lourds , a résumé le Premier ministre. Il a toutefois précisé vouloir « responsabiliser les citoyens » dans le domaine de la santé « comme on l'a fait sur la sécurité routière ». « Il faut aussi que les médecins nous aident : refuser un certificat de complaisance c'est très important pour l'économie de la Sécurité sociale, a-t-il ajouté. Eviter que des gens consomment trop de médicaments quand ils n'ont pas besoin, c'est bon pour leur santé et bon pour les finances de la Sécurité sociale. »
Jean-Pierre Raffarin a plaidé à cet égard pour un « triangle de responsabilité » comprenant « l'Etat, les acteurs sur le terrain mais aussi la citoyenneté de la population ».
Pelloux (féli)cité, mais pas Mattei...
Le chef du gouvernement, qui n'a jamais cité le nom de son ministre de la Santé lors de cette émission, s'est montré plus prolixe sur la situation dramatique des urgences. « Dans les dix dernières années, nous avons mésestimé le service des urgences (...), a expliqué le Premier ministre. Il faut en faire une priorité du plan Hôpital 2007 (...), il faut revaloriser les urgences en personnels et en moyens (...), mettre le turbo sur la formation des personnels », a-t-il affirmé. De fait, le gouvernement compte consacrer aux services d'urgences « 10 % des 10 milliards d'euros du plan Hôpital 2007 ». Revenant sur la catastrophe sanitaire provoquée par la canicule, Jean-Pierre Raffarin a reconnu implicitement les dysfonctionnements du dispositif d'alerte. « Moi, sur la canicule, j'ai d'abord été prévenu par le Dr Pelloux (président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France-AMUHF) à la télévision avant de recevoir une note administrative », a-t-il confié.
Dans un entretien au « Monde » daté du 23 septembre, François Hollande, premier secrétaire du PS, accuse toujours le gouvernement de « ne pas dire la vérité aux Français » en matière de Sécurité sociale et de préparer des lendemains douloureux. « Ce qui est en préparation aujourd'hui, c'est un emprunt qui couvrira les déficits cumulés 2002-2003-2004 et un renvoi pour leur financement aux périodes 2015-2020, peut-être au-delà (...). Le gouvernement est en train, dans l'ignorance de la part de nos concitoyens, de renvoyer cette charge sur les générations futures. »
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