LES GRANDS LABORATOIRES font face à une mutation sans précédent. «On constate un durcissement de la situation économique de l'industrie pharmaceutique. Non seulement, il faut mettre au point des produits performants, mais il faut aussi tenir compte du contexte économique général et des impératifs en termes de coût de traitement et de remboursemnts», affirme ainsi Jean-Pierre Garnier, le président mondial du britannique GlaxoSmithKline, qui doit quitter ses fonctions en mai prochain, pour prendre sa retraite et être remplacé par Andrew Witty, jusqu'alors responsable au niveau Europe de la division pharmacie du groupe.
Autre préoccupation : la baisse de productivité de la recherche. «L'investissement pour trouver une nouvelle molécule a augmenté de façon considérable», s'inquiète Jean-Pierre Garnier.
Alors qu'en vingt-sept ans (depuis 1980) les budgets dédiés à la recherche ont été multipliés par vingt-trois, passant de 2 milliards de dollars (1,27 milliard d'euros) à près de 46 milliards de dollars (29 milliards d'euros) pour les quinze plus grands laboratoires, le nombre de nouvelles molécules découvertes est resté le même.
« Libérer les scientifiques ».
Une analyse que Jean-Pierre Garnier n'applique toutefois pas à GSK. «A mon arrivée, il y a sept ans, dit-il, il n'y avait que deux produits en phase finale de développement; aujourd'hui, il y en a trente-quatre, parce que nous avons changé, de façon fondamentale, le processus de recherche et développement. L'organisation classique en pyramide a été cassée pour donner naissance à une constellation de petites unités indépendantes.»
But de l'opération, «libérer les scientifiques» en supprimant la bureaucratie et les contrôles excessifs et favoriser ainsi la découverte. «C'est aussi vrai pour les petits laboratoires, innover ou mourir…», souligne-t-il, évoquant la concurrence des génériques. Mais, pour Jean-Pierre Garnier, aujourd'hui, GSK est «beaucoup plus fort qu'il y a sept ans».
A côté de cette capacité de recherche, un autre atout de GSK est la stabilité de l'entreprise, grâce à une activité répartie dans trois domaines : la pharmacie, les vaccins et la santé grand public.
Enfin, autre point positif, «la structure internationale très forte du groupe: GSK est numéro un sur tous les marchés des économies nouvelles: Chine, Vietnam, Corée…», a ajouté le P-DG actuel du groupe.
Jean-Pierre Garnier a assuré que le possible retard du lancement du vaccin contre le cancer du col de l'utérus, Cervarix, aux Etats-Unis, n'aura pas d'impact sur l'activité du site de Saint-Amand-les-Eaux.
GSK va consacrer 500 millions d'euros à l'élaboration de ce site de production. «Il fallait être proche de notre centre de recherche de Bruxelles, la main-d'oeuvre de qualité était là et l'environnement politico-économique favorable», explique le président du groupe.
Cervarix bénéficie déjà d'une approbation dans 57 pays et, dans les cinq années à venir, il sera l'une des plus importantes spécialités de GSK. «Son potentiel est énorme. Le marché va s'étendre car, sur le plan médical, il n'y a pas de raison de limiter son utilisation aux personnes jeunes. Des études sont en cours chez des femmes d'âge plus avancé. Toutes les femmes entre 12 et 55ans sont concernées. Plus de 300millions de femmes dans le monde pourraient être vaccinées…», affirme Jean-Pierre Garnier.
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