DE NOTRE CORRESPONDANTE
AVEC 12 500 SALARIÉS, plus de 2 000 médecins, 116 000 malades accueillis en son sein, l'AP-HM doit se gérer comme une très grosse entreprise. C'est en tout cas ainsi que l'entend Jean-Paul Segade, qui a été nommé à sa tête en mai dernier.
L'ancien patron du CHU de Clermont-Ferrand a en réalité une mission très précise : réduire le déficit budgétaire qui pourrait atteindre, selon lui, 50 millions d'euros.
On le dit l'homme de la rigueur, il nuance : «Je ne voudrais pas être le directeur de la rigueur, mais celui de l'équilibre. Le conseil d'aministration a voté un déficit à 49,7millions d'euros, il était de 60 l'an dernier. Nous savons que, si la reprise de l'activité constatée au premier quadrimestre se maintient, alors ce déficit ne devrait pas dépasser les 50millions d'euros. Ce n'est pas la finalité d'un hôpital de revenir à l'équilibre budgétaire, mais on doit s'en préoccuper et tenter, en réduisant les coûts et en reprenant les investissements, d'y parvenir. Je ne pense pas que l'hôpital doit être voué à être déficitaire en permanence, sinon on aboutit rapidement à une impasse. Je me donne six ans pour revenir à l'équilibre budgétaire.»
Pour lui, les causes structurelles de ce déficit tiennent en grande partie à l'étendue du site marseillais qui se répartit sur quatre zones géographiques. Le pôle sud à Sainte-Marguerite est sur la sellette. «Nous pouvons réaliser des économies sur un ou deux sites, il faut éviter les redondances. Il n'est peut-être pas nécessaire de garder un service d'urgences lourdes sur le pôle sud mais peut-être de ne conserver qu'une maison de garde médicalisée pour accueillir un premier niveau d'urgence.»
Diminution du personnel administratif.
Les travaux en cours sur l'ensemble des hôpitaux marseillais sont donc en partie remis en cause. Seuls le centre trauma de l'hôpital Nord et le bâtiment médico-technique de la Timone sont assurés de voir le jour. «Regrouper les blocs aujourd'hui dans ce bâtiment technique est indispensable, ajoute t-il. Tout devrait être achevé en février 2012; le marché doit être signé en septembre.» Des points d'interrogation demeurent sur le pôle parents-enfants de la Timone et le centre logistique de Saint-Antoine. Le pôle pour ados conçu par le Pr Rufo sur l'ancien hôpital Salvator n'est pas encore à l'étude pour l'instant. «Il s'agit d'un projet multipartenarial mais où tout reste à construire», estime Jean-Paul Segade, qui se dit tout à fait ouvert à des négociations avec le secteur privé à but non lucratif et des cliniques privées «pour créer des partenariats gagnant-gagnant…».
Le nouveau directeur de l'AP-HM n'a pas oublié non plus la promesse faite par Nicolas Sarkozy à Jean-Claude Gaudin, entre les deux tours des municipales, de trouver une solution équitable pour le financement des hôpitaux marseillais. «Nous sommes en train de négocier avec l'État pour réduire ce déficit; mais nous devons montrer que nous faisons des efforts d'abord, pour qu'il nous aide ensuite.» Il a demandé à son équipe administrative de donner l'exemple en acceptant une baisse d'effectifs de 10 % d'ici à deux ans.
En revanche, le directeur général s'est engagé fermement à ne pas toucher aux postes d'infirmières. Il en manque déjà près de trois cents à Marseille.
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