Le ministre de la Santé a choisi les Journées de formation organisées par la direction de l'Hospitalisation et des Opérations stratégiques (DHOS), au SAMU de Paris, à l'hôpital Necker, pour tirer un coup de chapeau à « tous les soldats du SRAS : les centres 15, qui ont joué un rôle essentiel d'orientation, de conseil et de prévention ; les établissements de référence qui ont montré leur expertise ; l'équipe des SAMU qui a accepté de partir pour Hanoi et grâce à laquelle ce foyer a été éteint ; le rôle pivot jouée par le SAMU 75 et le Pr Pierre Carli ainsi que le Dr Daniel Jannière, qui ont joué un rôle majeur pendant toute cette période. »
Certes, avec la pneumonie atypique, il ne s'agit pas de faire face à la volonté de nuire d'un groupe terroriste, mais, a expliqué Jean-François Mattei, dès le début du mois de mars, quand un foyer a été découvert au Vietnam, la direction générale de la Santé et l'Institut de veille sanitaire ont agi comme pour « un exercice grandeur réel de nos capacités à faire face à une menace de grande ampleur. »
C'est la rapidité de leur réaction qui fut le facteur clé pour maîtriser la situation épidémique.
Le SRAS aura donc apporté la preuve de la performance réactive des acteurs français de santé publique.
Acontrario, l'exemple du Canada, avec le foyer épidémique apparu à Toronto, a montré comment un pays pourtant parmi les mieux dotés en termes sanitaires pouvait se trouver dramatiquement exposé.
Le satisfecit ministériel est d'autant mieux venu que, insiste le ministre, « nous devons tous prendre conscience que la menace bioterroriste ne relève pas de craintes excessives. L'arme biologique est peu coûteuse, à efficacité égale, 2 000 fois moins coûteuse que les armes traditionnelles et 800 fois moins que l'arme nucléaire. »
Variole, charbon, peste, botulisme, tularémie, autant d'agents biologiques qui conduisent les pouvoirs publics à faire preuve d'une vigilance renforcée pour poser d'abord le diagnostic et évaluer ensuite la sensibilité de l'agent identifié aux anti-infectieux.
Messages d'alerte
D'où le programme en sept volets présenté en février pour répondre au risque de menace bioterroriste : recensement des menaces, mesures de police sanitaire, veille sanitaire, moyens diagnostiques, refonte des plans blancs et des stratégies vaccinales, le tout en coopération avec les Etats du réseau européen d'experts et la réunion des ministres de la santé du G8.
Le programme (Biotox, Piratox et Piratome) repose en particulier sur la communication d'urgence entre les pouvoirs publics et les médecins, avec la procédure DGS-URGENT qui permet à tous les médecins qui le souhaitent de donner une adresse électronique pour recevoir des messages d'alerte.
La formation médicale n'est pas moins importante. Les journées organisées sous l'égide de la DHOS par le SAMU de Paris (du 16 au 19 juin), avec le Service de santé des armées, le Collège des universitaires de maladies infectieuses et tropicales et la direction générale de la Sécurité nucléaire et radiologique, avec une quarantaine de médecins venus des sept zones de défense (DOM-TOM compris) devraient faire date : le travail de fond a bien commencé (« le Quotidien » du 13 mai) pour mettre les médecins à niveau face à un problème qui, assure Jean-François Mattei, « ne doit pas être géré comme une crise passagère », car il « est devant nous pour des années ».
Et pour coordonner l'action sur le long terme, l'ancien directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation Nord - Pas-de-Calais, Gérard Dumont, a été nommé chargé de mission.
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