Il faudra patienter encore un peu, « jusqu'au premier octobre au plus tard », promet le ministère de la Santé, pour connaître en détail les modalités d'application des volets investissement et tarification à l'activité du plan Hôpital 2007.
Jean-François Mattei, qui devait s'exprimer sur ces deux dossiers avant-hier, a reporté sa communication à la demande de Jacques Chirac, qui a souhaité que le ministre de la Santé soit présent à ses côtés au cimetière de Thiais (Val-de-Marne), lors de la cérémonie officielle organisée pour les 57 victimes de la canicule dont les familles n'ont pas été retrouvées.
La relance de l'investissement hospitalier, Jean-François Mattei l'a largement évoquée mardi matin, lorsqu'il a réuni le monde hospitalier au sujet de la canicule. « Le ministre nous a promis monts et merveilles, des moyens supplémentaires importants, raconte le secrétaire national de Sud Santé, Thierry Lescant, mais, en même temps, il ne nous a donné aucun chiffre ». SUD était venu au ministère réaffirmer ses exigences : davantage de moyens et de personnel pour l'hôpital . Des exigences « que la canicule a confirmées et qui visent à éviter une nouvelle catastrophe, une épidémie de grippe pouvant avoir les mêmes conséquences », dit-il. Mais déception, Thierry Lescant n'a rencontré « aucune volonté affichée de lancer de nouvelles mesures », n'a obtenu « aucune précision sur l'ONDAM » (objectif national des dépenses d'assurance-maladie). Aucune allusion, non plus, à la prime promise par Jean-Pierre Raffarin.
« A part les remerciements, le ministre n'avait rien à proposer. La réunion a pris des allures de psychothérapie de groupe, où chacun a pu vider ses angoisses. On a cherché le divan, on ne l'a pas vu ! A la fin, le ministre nous a prescrit deux séances supplémentaires. Point. Sa politique est loin d'apaiser nos inquiétudes. »
Nouvelle phase de « réunionnite aiguë »
Un sentiment partagé par les autres syndicats de personnel. Jean-Marie Bellot, secrétaire général de FO santé, commente : « On a dit au ministre qu'il manque un groupe de travail consacré au personnel paramédical dans son plan Hôpital 2007. Car il est là le problème : la pénurie de personnel ! Mais notre remarque est tombée à plat. Seule certitude, et elle est loin de nous satisfaire, on entre dans une phase de réunionnite aiguë. »
Mardi dernier, l'agenda des professionnels s'est effectivement bien rempli. De nouvelles convocations ont été lancées par le ministère de la Santé : les 8 et 9 septembre, débat sur les personnes âgées, puis retour sur le bilan de la canicule les 12 et 17 septembre avec les hospitaliers. Reportés de deux semaines, les travaux des quatre groupes mis en place dans le cadre du plan Hôpital 2007 commenceront le 18 septembre. « Avec le gouvernement, on parle d'hôpital le matin, de solidarité l'après-midi, de Sécu le soir, constate Nadine Prigent, de la fédération santé de la CGT, mon sentiment est qu'on découpe les problèmes et que l'on ne veut pas les aborder dans le cadre d'une politique de santé. »
Même impression de « dispersion » pour Thierry Lescant, de Sud Santé, qui regrette « cet étalage du calendrier pour annoncer des mesures complètement morcelées ».
Côté syndicats de médecins hospitaliers, les critiques sont du même ton. « On manque de visibilité, résume le Dr Pierre Faraggi, président de la Confédération des hôpitaux généraux (CHG). On ferait mieux de donner des moyens et de prévoir la démographie plutôt que de retravailler l'organisation interne de l'hôpital dans la précipitation », via les quatre groupes de travail d'Hôpital 2007. Du discours ministériel, le Dr Rachel Bocher n'a retenu qu' « une cascade de mots qui ressemble à de l'anesthésie, la définition des vraies priorités étant reportée à plus tard ».
Le directeur de la FEHAP (Fédération des établissements hospitaliers et d'assistance privés à but non lucratif) reconnaît qu' « il n'est pas simple pour le ministre de faire face à une situation dont il ne connaît pas encore la bonne analyse ». Cela étant, ses propos tournent vite au reproche : « Le ministre a conservé une grande ambition par rapport à Hôpital 2007 quand il nous en parle. On a un calendrier d'enfer sur tous les thèmes à la fois, raconte Georges Riffart. Or à partir de ce drame, nos demandes sont très basiques : on attend qu'on nous dise ce qui s'est passé dans les hôpitaux et les maisons de retraite et quelles sont les nouvelles préoccupations de santé publique. »
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