A peine installé avenue de Ségur, le ministre de la Santé, Jean-François Mattei, s'est employé à désamorcer la grogne des médecins qui poursuivent depuis six mois un mouvement de grève des gardes afin d'obtenir une revalorisation de leurs honoraires.
Les deux principales organisations syndicales de la profession, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) et MG-France ont été reçus hier après-midi. Des entretiens qui se poursuivent aujourd'hui avec le Syndicat des médecins libéraux (SML) et la Fédération des médecins de France (FMF) et devraient s'achever mardi avec l'Union collégiale des chirurgiens et spécialistes français (UCCSF). Le président de la Caisse nationale d'assurance-maladie, Jean-Marie Spaeth, devrait également être reçu cette semaine.
Au centre des discussions, le passage de la consultation des médecins généralistes à 20 euros, revendication commune à l'ensemble des organisations syndicales et point de passage obligé, selon elles, à une reprise du dialogue avec les pouvoirs publics.
« Il faut désormais mettre en accord les actes avec les discours électoraux », a fait valoir le président de la CSMF, le Dr Michel Chassang, en évoquant les promesses du président de la République pendant la campagne.
Outre le C à 20 euros, il réclame la revalorisation de la visite à domicile à 30 euros, la levée des pénalités financières contenus dans le règlement conventionnel minimal qui régit l'exercice des médecins spécialistes et l'arrêt des poursuites engagées par l'assurance-maladie contre des médecins. « C'est la seule façon de débloquer la situation et d'apaiser les esprits », explique-t-il.
Pour le Dr Pierre Costes, président de MG-France et signataire d'un accord avec l'assurance-maladie prévoyant déjà toute une série de revalorisations, la question du C à 20 euros est surtout symbolique. « Le problème n'est plus de savoir s'ils vont porter la consultation à 20 euros - ils l'ont promis - mais comment ils vont le faire », s'interroge-t-il. Non seulement une telle revalorisation implique le déblocage de nouveaux moyens financiers - son coût est estimé à 277 millions d'euros en année pleine -, mais le gouvernement devra déterminer dans quel cadre elle pourra être accordée. « Il y a aujourd'hui une ligne de partage entre ceux qui poussent pour une plus grande liberté tarifaire et la fin du système conventionnel avec l'assurance-maladie et ceux qui, comme nous, défendent le principe d'une Sécurité sociale solidaire et souhaitent un cadre conventionnel rénové dans lequel chacun assume ses responsabilités. L'enjeu aujourd'hui, il est là », estime le Dr Costes.
La CSMF ne veut pas attendre les législatives
La tâche sera donc délicate pour le nouveau ministre, tenu par les engagements électoraux du président de la République mais soucieux à la fois de respecter les prérogatives de la Caisse nationale d'assurance-maladie et de ne pas trop grever les comptes d'une branche déjà lourdement déficitaire. Au total, la revalorisation de la consultation et de la visite à domicile alourdirait les comptes de 966 millions d'euros, selon la CNAM. D'autant que Jean-François Mattei sera aussi chargé, comme il l'avait réclamé, de la Sécurité sociale. « C'est à ce titre que nous rencontrons les syndicats de médecins », a confirmé le ministère de la Santé.
Les syndicats médicaux l'ont bien compris qui entendent comme la CSMF et le SML maintenir la pression et appellent de nouveau à un « Pont sans toubibs » pour le week-end de la Pentecôte. « Il y a deux choses que nous n'accepterons pas, a prévenu le président de la CSMF. C'est qu'ils essaient de nous mener en bateau avec un nouveau Grenelle de la santé et qu'ils attendent les élections législatives pour agir. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature