HENRI IV est le roi préféré des Français. Il fut un temps où tous les écoliers du pays connaissaient parfaitement la date et les circonstances de sa mort. Ne rêvons pas, ce temps-là est aussi lointain que le 14 mai 1610. Aujourd’hui, les fondements de l’éducation, du rapport à l’Histoire et à la Nation ont complètement changé. Mais espérons que quelques esprits se souviennent encore que, par-delà la poule au pot, Henri IV fut l’artisan de la réconciliation, de la liberté des cultes, l’homme de l’Édit de Nantes.
C’est en ce sens que Daniel Colas, auteur de « Charlotte Corday » et de des « Chaussettes, opus 124 », qui connaissent un rayonnement international après la création française par Michel Galabru et Gérard Desarthe, a écrit « Henri IV, le bien aimé ». Sa pièce est composée à la manière de l’émission des débuts de la télévision, « la Caméra explore le temps ». Tout commence par l’assassinat d’Henri et tout finira, deux heures trente plus tard, par le retour de la même scène, et la mort du roi. On l’aura vu, obsédé par les femmes, mais grand politique, ennemi des bains de sang, construisant lucidement ce qui demeurera comme le grand geste de son règne : l’Édit de Nantes.
Les Mathurins sont un théâtre privé, de taille moyenne : cette production de très belle qualité, avec les décors de Pace, simples, harmonieux, les costumes superbes de Jean-Daniel Vuillermoz, constitue un geste fort et courageux. Daniel Colas ne cherche jamais les grandes tirades lyriques ; il cherche l’humain dans une fresque fidèle aux faits historiques. Les relations avec les femmes apportent des scènes savoureuses, car le roi, grand politique, est assez faible devant les belles et très gourmand, comme on sait…
Béatrice Agenin, qui fut une des grandes sociétaires de la Comédie-Française, qu’elle quitta très jeune, est une reine Marie de Médicis aristocratique et sensible. Coralie Audret, superbe Gabrielle d’Estrée, Maud Baeker, la jeune Charlotte, sont parfaites. On ne peut citer tous les comédiens remarquables réunis. Tous sont très bons et tous ont de belles partitions, dans une mise en scène fluide et vive. Citons le fin Prince de Condé de Maxime d’Aboville, le très nuancé Bassompierre de Xavier Lafitte, remarquable, le grand Rosny d’Yvan Garouel. Et, dominant de sa présence puissante, cheveux blanchis, belle gueule de Bourbon, avec son fort tempérament, son élocution parfaite, son regard toujours juste, le grand Jean-François Balmer est engagé de toutes ses fibres ultra-sensibles dans ce grand personnage.
Du théâtre accessible pour toutes les générations, des adolescents aux adultes. À partager !
Théâtre des Mathurins (tél. 01.42.65.90.00, www.theatremm.com), du mardi au samedi à 20 h 45, matinée le samedi à 15 h 30 et le dimanche à 15 heures. Durée : 2 h 45 entracte compris.
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