« Nous passons notre temps à faire des lois car nous sommes incapables de faire des réformes ! Entre la nouvelle version des GHT et l’ancienne [Communauté hospitalière de territoire, NDLR], il n’y a pas de différence majeure. Est-ce que les regroupements sont inéluctables ? La réponse est oui. Est-ce que cela aurait dû être fait depuis longtemps ? La réponse est oui ? Est-ce que l’on avait besoin d’une loi ? Cela n’est pas évident.
Malheureusement, nous sommes dans le domaine du théâtre. Il faut faire des réformes de structure au lieu de multiplier les réformes administratives. Tout cela n’est qu’agitation. Le dernier exemple en date est le récent rapport sur les services d’urgence. Il préconisait d’en fermer au moins soixante-sept. On ne le fait pas pour toute une série de raisons politiques…
Les regroupements, le GHT obligatoire, etc. : tout cela est bien mais ce n’est pas une réforme de structure. On pourrait se fixer comme objectif d’avoir 1 500 établissements hospitaliers publics et privés en France. Tout le monde reconnaît qu’avec 2 600 établissements, nous en avons trop alors qu’il n’y en a que 2 000 en Allemagne et 640 au Royaume-Uni.
Il ne s’agit pas de fermer pour fermer. Mais mon raisonnement est simple : je ne crois pas qu’il y aura de croissance économique et donc la possibilité de financer les investissements dans le domaine de la santé et d’augmenter les rémunérations sans réforme de structure. Celles-ci sont indispensables pour se donner des marges de manœuvre. Il y a vingt ans déjà, l’État avait tous les outils pour le faire. C’est une question de volonté, d’indication d’un objectif et de responsabilité assumée. Le Gouvernement le fait quand il s’agit de notion abstraite comme un Ondam à + 1,75 % alors que la croissance naturelle des dépenses se situe entre 4 et 4,5 %. Mais il n’accepte pas de réformes précises, surtout en période électorale. »
* Économiste de la santé, titulaire de la chaire d'économie et de gestion des services de santé du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et ancien Directeur général des hôpitaux.
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