APRÈS le Newport Jazz Festival, créé sur la côte Est des États-Unis en 1954 par le producteur et pianiste George Wein, le Monterey Jazz Festival (MJF), fondé en Californie en 1958 par Jimmy Lyons et Ralph Gleason, fait partie des plus anciens festivals de jazz de la planète (le doyen des festivals de jazz en France étant Antibes/Juan-les-Pins qui date de 1960). Au cours de sa longue existence, le MJF a reçu sur scène les plus grands noms du jazz vivants et s'est offert le luxe de les enregistrer. D'où la création voici un an des Monterey Jazz Festival Records (Universal) dont le but est de proposer toute une série d'enregistrements « live » mémorables restés jusqu'ici inédits. Après une première livraison il y a quelques mois, cinq nouveaux CD sont à présent disponibles dans les bacs des disquaires.
Parmi ces raretés phonographiques figure Art Blakey, enregistré en 1972, à la tête d'une exceptionnelle formation, baptisée The Giants of Jazz. Aux côtés du légendaire batteur moderne, on retrouve effectivement des pointures et des phénomènes historiques qui ont pour nom Roy Eldridge (trompette), Thelonious Monk (piano), Sonny Stitt (saxophones), Clark Terry (trompette/bugle), Kai Winding (trombone) et Al McKibbon (contrebasse). Quant aux morceaux interprétés avec une grande maestria par ces divins solistes, réunis le temps d'une jam-session annuelle, ils font tous partie de l'inépuisable répertoire des standards du jazz. Une pure merveille…
Autre perle rare, le vibraphoniste Cal Tjader. Musicien issu de la West Coast, Tjader s'était fait une spécialité en interprétant un jazz moderne, fortement teinté de latin jazz. C'est ainsi que, entouré de Mongo Santamaria, Armando Peraza ou Poncho Sanchez (percussions), et de Dizzy Gillespie, Clark Terry et Buddy DeFranco (clarinette), il explore, dans ce florilège de concerts donnés entre 1958 et 1980, des classiques du genre, mais aussi des standards des frères Gershwin ou de Charlie Parker. Un jazzman à redécouvrir…
Avec Tito Puente, l'auditeur reste dans la veine du latin jazz. À la tête de son grand orchestre, le célèbre percussionniste, spécialiste des timbales, avait réussi en son temps à construire une passerelle entre la musique afro-caribéenne et le jazz. L'écoute de cet enregistrement datant de 1977 – avec comme invité Cal Tjader sur un titre – et reprenant un de ses tubes, « Oye Como Va », immortalisé depuis par Carlos Santana, est un superbe plongeon dans un style qui n'a toujours pas pris une ride.
Le blues et le jazz vocal ont toujours tenu une place prépondérante au MJF. Notamment avec la présence du chanteur Jimmy Witherspoon, exceptionnellement accompagné en 1972 pour une reprise par de brillants sidemen comme Roy Eldridge, Ben Webster et Coleman Hawkins (saxophones), Woody Herman (clarinette), Earl « Fatha » Hines (piano) et Mel Lewis (batterie). Le top…
Enfin, on peut redécouvrir la pianiste et chanteuse Shirley Horn –, longtemps adulée par Miles Davis - en 1994 à la tête de son trio, alors qu'elle se produisait pour la première fois au festival et que sa carrière connaissait un nouveau départ parfaitement mérité.
Parmi d'autres « live » restés inédits, le Montreux Jazz Label (DG Diffusion/Spirale) propose dans la série « Swiss Radio Days Jazz Series » l'intégrale du concert donné par le vibraphoniste Lionel Hampton à la tête de son big band à la Mustermesse de Bâle (Suisse) en septembre 1953, réunie dans deux CD. Parmi les musiciens qui s'exprimaient aux côtés d'Hampton figurent notamment Art Farmer, Clifford Brown et Quincy Jones (trompette), Gigi Gryce (saxophone) et Monk Montgomey (basse), frère du guitariste Wes Montgomery. Une montagne de swing endiablé avec des thèmes fétiches comme « Hey-Ba-Ba-Re-Bop » (fondateur du rock'n'roll ?), « Flying Home » ou « How High The Moon ».
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