Vos malades ont lu
« Madame Figaro », 17 mai
« En France, mille six cents praticiens ont fait le choix de s'occuper de nos jambes, et rien que de nos jambes. Un chiffre impressionnant au regard des autres pays : seulement huit cents praticiens aux Etats-Unis (pour 290 millions d'habitants !), deux à trois cents en Italie, une dizaine en Belgique. L'insuffisance veineuse serait-elle un trouble bien de chez nous ?», se demande « Madame Figaro » qui est allé interroger le Dr Jean-Pierre Laroche, médecin vasculaire au CHU de Montpellier.
La maladie existe bien et lorsqu'un patient vient consulter, l'interrogatoire et l'examen clinique retrouvent une anomalie du système veineux dans la moitié des cas. En France, berceau de la phlébologie, l'insuffisance veineuse est reconnue depuis longtemps et mieux prise en charge. « Contrairement à ce que prétendent certains, ce n'est pas une maladie de "confort". Le premier motif de consultation est d'ailleurs la douleur, pas l'esthétique. » Au quotidien, des règles hygiéno-diététiques soulagent les patients : surélévation du lit au niveau des pieds (de 10 à 12 cm), port de chaussures à talons (de 3 à 4 cm), douche froide en fin de journée, hydratation (de 1 l à 1,5 l par jour) et exercice physique (vélo, marche, natation). L'exposition à la chaleur doit être évitée (cabine UV, sauna, bain de soleil prolongé, épilation à la cire) et les collants ou chaussettes de contention favorisent la circulation de retour. Si l'utilité des veinotoniques est contestée et leur remboursement menacé, « ils obtiennent, assure le Dr Laroche, études à l'appui, 30 % d'efficacité de plus que les placebos. Le fait que beaucoup de nos patients se disent soulagés justifie pleinement leur prise en charge ».
Des muscles synthétiques qui font nager des poissons-robots
« Science et Vie », mai
Pourrons-nous un jour remplacer nos muscles défectueux par des prothèses synthétiques ? C'est en tout cas, l'objectif que poursuivent deux start-up japonaises, Eamex et Daiichi Kogei, spécialisées dans les résines polymères. Elles ont conçu deux ingénieux poissons-robots, capables, dans un aquarium, de faire les jolis curs en nageant l'un vers l'autre. Le dispositif expliqué dans « Science et Vie », n'est en fait qu'un prétexte pour tester un nouveau type de muscle synthétique. Placé au niveau de leur queue, un polymère fait d'un feuilletage de plastique, d'eau et d'électrodes se contracte sous l'effet d'impulsions électriques comme un muscle vivant. Une puce électronique reçoit les impulsions grâce à une antenne logée dans l'aquarium. Ainsi, il est possible de commander la nage des poissons et d'évaluer le fonctionnement du muscle qui leur permet de se mouvoir. Du poisson à l'homme réparé, l'hypothèse est séduisante même si le chemin semble encore long.
En paroles et en musique, une thérapie par le disque
« L'Express », du 15 au 21 mai
Sur fond de rap, Mahmed, petit caïd de 16 ans, élève dans une classe relais de Roubaix, raconte son histoire, douloureuse. Pour la première fois, il exprime l'événement tragique qui l'a marqué, avec toute sa famille, il y a huit ans : la disparition de son frère aîné. Il est l'un des « sans-voix » auquel Luc Scheibling offre, depuis trois ans, la possibilité de se raconter à travers des chansons ou des livres illustrés. L'idée de créer un espace pour les déshérités lui est venu d'une rencontre : un jeune Chilien un peu paumé qui n'avait jamais réussi à parler de son adoption avec sa famille d'accueil. « Il n'avait pas les mots pour se dire, explique Luc Scheibling à « l'Express ». Alors j'ai décidé d'écrire son histoire, de la lui faire chanter et de la graver sur un disque. Il a ainsi pu la faire écouter à ses parents. » Depuis trois ans, cet ancien instituteur et musicien grenoblois a écouté des personnes âgées, des jeunes à la dérive, des ouvrières licenciées de chez Levi's, et a réalisé quelques 80 CD et 50 livres, uniquement destinés à l'interprète et à ses proches. L'objectif n'est en aucun cas, la commercialisation. L'initiative est soutenue par le conseil général du Nord, le conseil régional et le Fonds d'action et de soutien pour l'intégration et la lutte contre les discriminations. Sa méthode est proche de celle d'un thérapeute. Son équipe (quatre personnes dont une ethnologue) ne travaille jamais avec des particuliers, mais toujours en relation avec des structures spécialisées. Le principe est de « mettre en perspective les trajectoires individuelles de chacun avec des problématiques collectives plus larges ». Sa thérapie par le disque permet à chacun de se dévoiler, de restituer sa parole « unique et authentique ».
Un jeu de dupe entre le corps et le cerveau, le membre fantôme
« Pour la science », avril/juin
De nombreux travaux lui sont consacrés, mais le phénomène du membre fantôme et plus généralement, celui des illusions corporelles, reste en partie inexpliqué par les neurosciences contemporaines. « Comment se fait-il que le cerveau ne parvienne pas à éteindre une sensation qui n'est ordinairement que le reflet exact du vécu sensoriel du sujet ? », telle est l'énigme que les chercheurs tentent de résoudre. En effet, explique Régine Roll, ingénieur de recherche au CNRS, dans la revue « Pour la science » : « Sans même recourir à la vision, nous pouvons placer symétriquement nos deux bras, pointer l'extrémité de notre nez avec l'index ou encore apprécier la stabilité et le relief du sol sur lequel nos pieds reposent. » Et cela grâce à notre identité corporelle, cette représentation sensori-motrice et cognitive qui résulte de l'intégration cérébrale harmonieuse de l'ensemble des messages provenant des organes sensoriels : sensibilités tactile et proprioceptive musculaire (somesthésie).
Dans le cas d'une amputation, c'est l'interruption de la communication entre le cerveau et la périphérie du corps qui crée la perception de « membre fantôme ». « Privé brutalement des principales sources qui l'alimentent et contribuent à la mise à jour régulière du schéma corporel, le cerveau ne peut faire son "deuil" du membre manquant et maintient, en lieu et place, un duplicata virtuel qui préserve l'intégrité corporelle. »
Le plus troublant dans ce phénomène est son réalisme. Le « fantôme » est la réplique exacte du membre manquant : il est animé et porteur des sensibilités qui y étaient associées. Il se déplace en même temps que le corps et au même rythme. Il est doué de mémoire (la sensation d'une bague trop serrée persiste autour du doigt virtuel par exemple) et dans certains cas, le fantôme conserve le souvenir de l'état du membre avant l'amputation : il est perçu comme paralysé ou douloureux. Les phénomènes douloureux, parfois invalidants sont ce dont se plaignent le plus les patients et constituent une des principales motivations des chercheurs et des cliniciens. Mais, conclut Régine Roll, « le rôle de la composante psychologique dans l'émergence et l'entretien de l'illusion fantôme est probablement non négligeable et trop souvent mésestimé. Comment admettre en effet la privation définitive d'une part de soi, si ce n'est en y substituant, même virtuellement, un fantôme au risque de paraître fou ? »
La sensation de persistance d'un membre après son ablation se manifeste chez 90 % des sujets et perdure chez certains pendant plus de vingt ans. C'est l'Américain Silas Weir Mitchell, médecin à Philadelphie, qui a introduit, le premier, le terme de « membre fantôme » lorsqu'il publia, en 1871, le cas de George Deadlow. Ce patient, victime de la guerre de Sécession, se plaignait de crampes au mollet gauche, après l'ablation de ses deux jambes. Aujourd'hui, le nombre d'amputations dans le monde est estimé à 1,4 million par an. Leur cause principale n'est plus la guerre, mais les accidents et le diabète. Des cas de fantômes ont été décrits chez des aveugles et même chez des patients privés d'une partie de leurs membres dès la naissance.
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