LE QUOTIDIEN - Ceux qui ont 20 ans aujourd'hui ont toujours connu la fête de la Musique que vous avez créée en 1982, alors que vous étiez ministre de la Culture de François Mitterrand ; quel sentiment vous inspire cette durée ?
JACK LANG - Cela veut dire aussi que ceux qui ont créé avec moi la fête de la Musique ont pris un petit coup de vieux ! Mais, par bonheur, la fête a réussi, je crois, à rester toujours juvénile. La flamme est là, chez les tout-petits comme chez les plus anciens. La flamme de la musique ; la flamme aussi du partage ; la flamme des retrouvailles. Ce jour de l'été, le plus beau jour de l'année, qui ouvre la saison des amours, des rencontres, des aventures, des rêves.
Que célèbre la fête, hormis la musique ?
On a le sentiment de célébrer tout à la fois l'amitié, l'entremêlement des générations, le bonheur d'être et de partager quelques moments de joie.
Et puis, il y a, à mes yeux, ce qui est le plus précieux peut-être, l'inattendu, l'imprévu. Au coin d'une rue, sur une place, dans une gare, ici ou là. Parfois aussi à l'hôpital, où, notamment pour les enfants malades de l'hôpital Necker, à Paris, nous avons instauré la tradition d'un grand concert*. C'est très important que la musique soit présente aussi là où des enfants et aussi des adultes souffrent dans leur chair ou dans leur âme.
Au départ, cette fête était un pari incertain.
Si on relit les journaux de l'époque, on s'aperçoit à quel point, au cours des premières éditions, l'événement a sollicité moqueries et quolibets. C'est le lot de toute idée qui paraît sortir des habitudes, voire extravagante.
Qu'est-ce qui a permis à la fête de la Musique de réussir, en France et même à travers toute l'Europe ?
Plusieurs composantes sont intervenues. En premier lieu, une passion réelle des Français pour la musique. Cette passion n'était pas évidente, car les clichés propageaient souvent le sentiment que, par je ne sais quelle malédiction du destin, les Français seraient rétifs à la musique. Ensuite, nous avons été portés par le désir de chaque citoyen de n'être pas seulement consommateur, mais aussi acteur. D'ailleurs, nous avons joué sur le mot de fête, que nous écrivions aussi faites. Agissez ! Prenez vos instruments de musique ! Retrouvez-vous avec des copains ! Créez une chorale ! Prenez-vous en main vous-mêmes !
En troisième lieu, le désir de partage a joué d'une manière très forte, très décisive pour faire se retrouver les Français dans leurs rues.
* Les Neck'Airs de musique, dans la cour du carré Necker, de 13 h 30 à 20 h. Entrée libre, avec Henri Salvador, Michel Delpech, Yannick Noah, Liane Foly...
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