Salaam a dix mois aujourd'hui. Son nom, en arabe, veut dire paix. Le jour de sa naissance, elle a été trouvée par des Palestiniens dans un tas d'ordures. Lundi dernier, elle a pu quitter l'hôpital Hadassah de Jérusalem, après une opération cardiaque.
Des Palestiniens appartenant à un service social de Tulkarem l'ont découverte près de Ramallah. Un groupe de bonnes sœurs de Bethléem lui a donné un foyer. Mais la santé de l'enfant ne cessait d'empirer. Elle était née avec un gros orifice situé entre les deux cavités du cœur et ses poumons ne recevaient pas assez de sang. Les médecins palestiniens ont vite constaté qu'elle perdait du poids. Ils l'ont adressée à l'hôpital israélien.
« Elle n'était que peau et os », raconte le Dr Eli Milgalter, qui l'a opérée le 24 janvier dernier. Les sœurs ont pu rassembler 11 000 dollars pour les frais d'hôpital et le Dr Milgalter a refusé d'être payé. Selon lui, Salaam est tirée d'affaire.
Le médecin affirme que 80 % des patients du service pédiatrique de l'hôpital sont palestiniens. Mais il admet que beaucoup d'enfants palestiniens ne peuvent arriver jusqu'à Hadassah parce qu'ils sont bloqués aux barrages érigés par l'armée israélienne.
Avant l'Intifada-bis, le Dr Milgalter faisait des vacations dans un hôpital palestinien de Jérusalem pour traiter des enfants. Il ne s'y rend plus parce que le voyage est devenu très dangereux. « Je n'ose plus m'y rendre, avoue-t-il. Dans un rayon de dix kilomètres autour de Hadassah, il y a tellement d'injustice, poursuit-il. Tellement de problèmes de sécurité. Des enfants qui sont à 5 kilomètres d'ici ne peuvent venir à notre hôpital pour y être soignés. »
Au cours des dix-sept mois de violence de l'Intifada, des enfants palestiniens ont été tués par l'armée israélienne et des enfants israéliens sont morts dans des attentats-suicides. Le Dr Milgater n'est pas particulièrement heureux de la convergence entre bonnes volontés arabe, chrétienne et juive qui a permis de sauver Salaam. « Elle prouve seulement qu'il y des braves gens des deux côtés de la barrière. Mais que ces braves gens ne gouvernent plus. »
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