CLASSIQUE
Virtuose de l'archet et pédagogue enthousiaste pour transmettre « le bonheur de jouer », Isaac Stern s'est éteint, à 81 ans, dans un hôpital de New York des suites d'une défaillance cardiaque.
Il était aussi un citoyen du monde, engagé et humaniste. « Ambassadeur culturel » des Etats-Unis, son pays depuis l'âge de dix mois, après une naissance en Ukraine dans une famille juive, le 21 juillet 1920. Il joua en URSS en pleine guerre froide, en Chine peu après la Révolution culturelle, à Jérusalem au sommet du mont Scopus peu après la guerre des Six jours. En 1960, il devient la figure de proue d'une action internationale destinée à sauver le Carnegie Hall de la destruction promise. Sa réussite lui vaudra de rester, pendant quarante ans, le président de cette salle de concert new-yorkaise mondialement réputée.
Allergique à tout sectarisme musical, Isaac Stern, qui avait commencé le violon avec sa mère, jouait aussi bien Bach, Beethoven, Brahms, Mozart, que Peter Maxwell Davis, Henri Dutilleux, Leonard Bernstein, Krzysztof Penderecki.... En 1979, l'année même du rétablissement des relations diplomatiques sino-américaines, il est pendant un mois avec sa famille l'invité officiel de la Chine pour des rencontres avec le peuple chinois et des musiciens, des concerts, des cours. De ce séjour sortira un film, « De Mao à Mozart », remarquable leçon de musique pour « jouer avec le cur » et document passionnant sur la Chine trois ans seulement après la Révolution culturelle. En 1981, il recevra l'Oscar du meilleur documentaire. Mais jusqu'en 1999, il refusa d'aller jouer en Allemagne. Bien que ses deux fils, Michael et David, tous deux chefs d'orchestre, s'étaient formés en dirigeant des orchestres allemands. Créateur du Centre Musical de Jérusalem, il avait également souhaité aider les Palestiniens à mettre en place une structure, mais l'« Intifada » l'en avait empêché.
Des centaines d'enregistrments
Son art survivra par des centaines d'enregistrement, tous réalisés pendant plus de 50 ans avec la maison de disques Sony Classical.
A l'âge de vingt-cinq ans, il fait ses débuts au disque par le « Deuxième concerto pour violon et orchestre » de Wieniawski, avec l'Orchestre philharmonique de New York, sous la direction d'Efrem Kurtz. Quarante ans plus tard, il enregistra pour CBS les « Concertos » de Henri Dutilleux et de Peter Maxwell Davis. Entre-temps, Isaac Stern devait enregistrer des dizaines de disques de concertos, avec George Szell, Eugene Ormandy, Leonard Bernstein, Daniel Barenboïm. Dans le domaine des uvres concertantes américaines, il faut signaler des versions de référence de la « Sérénade » de Leonard Bernstein, et du « Concerto pour violon et orchestre » , de Samuel Barber, tous deux sous la direction de Bernstein. Sous la direction d'Igor Stravinsky, Isaac Stern a également gravé une version exemplaire de son « Concerto pour violon » .
Une bonne part de cette riche discographie est consacrée à la musique de chambre. Elle compte des sonates pour violon et piano, enregistrées pour la plupart avec son partenaire de toujours, Alexander Zakin. En 1968, Stern enregistra, avec le compositeur au piano, la « Sonate » d'Aaron Copland. En dehors de ses disques en duo avec Alexander Zakin, la carrière de chambriste d'Isaac Stern s'est également illustrée grâce à sa collaboration avec le pianiste Eugene Istomin et le violoncelliste Leonard Rose. Ce légendaire trio, formé en 1960, concurrent direct du Beaux-Arts Trio, fondé cinq ans plus tôt, a livré des versions de référence de l'intégrale des « Trios » de Franz Schubert, Ludwig van Beethoven, Johannes Brahms ou Felix Mendelssohn.
Sony Classical avait fait paraître, en 1995, pour fêter les cinquante ans de collaboration de Stern avec la même maison de disques, une monumentale édition en 44 disques compacts des principales gravures du violoniste, sous le titre de « Isaac Stern, A Life in Music ».
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