QUOI DE NEUF ? Feydeau ! Qui de jeune ? Alain Françon, qui, la soixantaine venue, a quitté ses fonctions de directeur (Théâtre du VIIIe de Lyon, Centre dramatique de Savoie à Annecy, Théâtre national de la Colline) pour, avec une compagnie qui porte un très joli nom (Théâtre des nuages de neige), se lancer dans une aventure très ouverte avec une équipe artistique de haute qualité. Alain Françon met en scène quatre des dernières pièces de Feydeau : « On purge Bébé », « Feu la mère de Madame », « Léonie est en avance ou le Mal joli » et « Mais n’te promène donc pas toute nue ! »
Le metteur en scène ne découvre pas Feydeau, loin de là. Il avait monté, dès 1989, alors qu’il s’installait au Théâtre du VIIIe Lyon, « la Dame de chez Maxim ». Un geste de rupture, car, pour les barons du subventionné, Feydeau était un auteur de boulevard, tout juste bon pour les bourgeois de la Comédie-Française ! Et Françon récidiva avec « l’Hôtel du libre échange », en 2007, à la Colline. On ne l’avait pas attendu pour savoir que Feydeau est un corrosif, un écrivain immense et d’une audace hallucinante, qui ne peut se circonscrire à la seule mécanique, diabolique, de ses vaudevilles. On comprend, en découvrant ces quatre pièces, parmi les dernières qu’écrivit l’auteur (1862-1921) de « Tailleur pour dames » ou du « Dindon », qu’Alain Françon lui fait confiance complètement.
Joie communicative.
Dans un décor à variations discrètes de Jacques Gabel, le metteur en scènes dirige des comédiens dont l’explosive réunion est réjouissante : Anne Benoît, Philippe Duquesne, Éric Elmosnino, Judith Henry, Julie Pilod, Gilles Privat, Régie Royer, Dominique Valadié. Ils sont tous formidables et certaines « créations » demeureront dans les annales, telle la Madame Virtuel, la sage-femme de « Léonie est en avance », par Anne Benoît, le Lucien de Philippe Duquesne dans « Feu la mère de Madame », le Chouilloux d’Éric Elmosnino dans « On purge Bébé », la Clarisse de Judith Henry dans « Mais n’te promène donc pas toute nue ! », la Léonie de Julie Pilod, le Follavoine de Gilles Privat, le Romain de Jaival de Régis Royer, la Julie Follavoine de Dominique Valadié, excellente aussi en Madame de Champrinet ! Mais tous sont superbes, de grand rôle à personnage moins important. Chez Feydeau, tous les rôles sont grands !
La complicité des interprètes, leur joie à jouer est communicative ! Ils ont joué Tchekhov ou Bond, ils sont rompus aux univers les plus fins, les plus âpres. Ici, il y a les deux. Il faut une précision de tout instant. Une énergie, une concentration physique et intellectuelle sans faiblesse. Ils ont cela en partage. On aura l’occasion de reparler de ce grand travail réjouissant qui rend proche l’intelligence et la causticité de Feydeau mais laisse comprendre ses souffrances, aussi….Une longue tournée et une station de quatre mois à Paris, dans un grand théâtre privé, Marigny. Réservez sans réserve !
Théâtre National de Strasbourg (tél. 03.88.24.88.24, www.tns.fr) jusqu’au 24 octobre, puis Draguignan les 4 et 5 novembre, Grenoble MC2 du 9 au 13 novembre, Chambéry du 17 au 21 novembre, Bourges (Maison de la culture) du 25 au 28 novembre, Amiens du 1er au 3 décembre, Valenciennes du 7 au 10 décembre, Annecy Bonlieu du 14 au 18 décembre, Paris (Théâtre Marigny) du 11 janvier au 9 mai, Chalon-sur-Saône du 11 au 13 mai, Reims du 18 au 21 mai 2011. Chaque pièce dure environ une heure, comptez 25 minutes d’entracte entre chaque : le spectacle se donne en deux soirées ou en « intégrales » le samedi ou le dimanche.
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