LE CONTRAIRE aurait été étonnant : l'enquête annuelle de l'association Imagerie santé avenir confirme clairement le retard de la France en matière d'équipement IRM et des inégalités régionales inadmissibles dans un pays qui se veut à la pointe du progrès médical, de la prévention et de la détection de pathologies graves.
Certes, en 2007, le nombre d'appareils installés a bien été sensiblement supérieur (44) à celui de l'année précédente (26), mais cela reste encore bien insuffisant pour que le retard français soit comblé. Or, écrivent les auteurs de cette enquête ISA, les projections 2007-2011 des schémas régionaux d'organisation sanitaire (SROS) ne permettront pas de corriger ce défaut d'équipement.
La situation est telle que la France se trouve au dernier rang des principaux pays européens développés. Avec 7,5 IRM par million d'habitants, la France se trouve loin derrière la Norvège (23,8 appareils), l'Allemagne (23,3), l'Espagne (15,7), la Finlande (13,4), l'Italie (12,8), la Suède (12,8), le Danemark (12,6) et même la Belgique (10,8 ). Le taux d'équipement «pour atteindre le délai d'attente défini par le plan Cancer, précise encore cette étude, serait d'au moins 12 IRM par million d'habitants», contre 7,5 aujourd'hui, mais cela supposerait «750 IRM installées en 2010 en France métropolitaine», ce qui nécessiterait la mise en place de 287 nouveaux appareils d'ici à 2010, contre 150 comme le prévoit le SROS 2007-2011. En conséquence, «seul un plan d'équipement supplémentaire décidé rapidement permettrait de corriger la situation», précise l'ISA.
Ce retard a évidemment des conséquences directes sur les délais d'attente imposés aux patients. Ainsi entre la prise de rendez-vous, et l'examen lui-même, il fallait en moyenne, au 1er janvier 2008, 35,4 jours contre 34,3 jours l'année précédente, soit un allongement du délai de 3,2 %, mais surtout de 6,3 % par rapport à 2005, année au cours de laquelle le délai moyen le moins important avait été observé (29,3 jours).
La dégradation est donc inquiétante, d'autant que cette situation moyenne cache des disparités régionales qui sont très préoccupantes.
Plus de trente jours d'attente pour 65 % des Français.
Ainsi, si un patient doit attendre un peu plus de 22 jours en Île-de-France pour passer son examen d'IRM, il faudra à l'habitant des Pays de la Loire patienter près de trois fois plus longtemps (64,5 jours). Il est difficile de tolérer aussi qu'un habitant de Midi-Pyrénées attende seulement 29,4 jours pour passer un examen ou que celui de PACA patiente seulement 23,9 jours alors que le Corse n'obtiendra un rendez-vous que 74,5 jours après en avoir fait la demande. Un délai très long aussi pour le Lorrain (71,3 jours) et dans une moindre mesure pour l'Alsacien (52,9 jours).
Globalement, près des deux tiers de la population française (65 %) doit faire face à des délais de plus de 30 jours, et par rapport à 2007, commente cette enquête, le taux de personnes devant attendre plus de 40 jours a nettement augmenté, puisqu'il est passé de 25,8 % à 41,7 %. C'est donc bien la question de l'accès aux soins et de l'égalité entre les citoyens que pose cette nouvelle enquête. Comme l'an dernier. Mais la réponse des pouvoirs publics se fait toujours attendre. Espérons que la mise en place des agences régionales de santé prévue par la future loi Bachelot permettra de faire avancer plus rapidement qu'aujourd'hui ce dossier.
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