De toutes parts, en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, la presse demande des comptes à George Bush et à Tony Blair sur les armes de destruction massive que leurs armées sont aller chercher en Irak, mais qu'elles n'y ont pas trouvées.
Le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld répond à ce sujet que deux laboratoires mobiles ont été découverts et que Saddam Hussein a pu détruire ces armes au lendemain de l'adoption de la résolution 1141 du Conseil de sécurité. En fait, M. Rumsfeld s'est appuyé, avant d'ouvrir les hostilités, sur les renseignements recueillis exclusivement par le Pentagone et n'a pas tenu compte de l'opinion contraire de la CIA, qui s'était montrée plus que sceptique sur l'existence de ces armes, sur le danger que représentait Saddam Hussein et sur la nécessité de lancer une expédition militaire.
Comme, par ailleurs, les services de Tony Blair avaient commis l'erreur, avant la guerre, de publier un document accablant pour Bagdad - qui n'était en réalité que la réécriture d'un rapport d'étudiant -, on met en doute la sincérité de MM. Bush et Blair et on les accuse d'avoir manipulé leurs opinions pour qu'elles avalisent une guerre qui n'aurait jamais dû avoir lieu. Et comme, enfin, la pacification de l'Irak est plus que laborieuse, le bilan de l'aventure semble bien médiocre.
Bien entendu, personne ne pleurera la disparition d'une tyrannie dont on a retrouvé partout en Irak les traces de ses effets délétères : charniers de plusieurs milliers de dépouilles, documents sur les tortures, récits multiples sur les exactions commises par Saddam Hussein et par ses fils. Mais ni M. Bush ni M. Blair n'ont été saisis par l'urgence humanitaire et en tout cas, ce n'est pas la raison qu'ils ont avancée pour attaquer le régime de Saddam. Lorsque le magazine « Time » publie un reportage remarquablement informé sur les crimes immondes commis par les deux fils de Saddam, Usay et Qusay, on en est certes horrifié, mais on voit bien aussi que se prépare un nouvel argumentaire sur les raisons de la guerre.
La France pourrait tirer parti de l'inexistence apparente des armes de destruction massive en Irak pour justifier la position qu'elle a adoptée avant la guerre. Malheureusement, elle en a trop fait à l'époque et elle n'a plus qu'un souci : raccommoder ses relations avec les Etats-Unis. C'est donc au moment où le comportement américain peut être dénoncé, au moment où la France peut sommer l'Amérique de trouver les ADDM ou de reconnaître leur absence, qu'elle tourne le regard d'un autre côté. Le sommet du G8, qui se termine aujourd'hui, et aura coûté des sommes folles, a servi de scène pour la réconciliation entre l'Amérique et l'Europe. M. Bush renonce à « punir » la France, mais il a encore des doutes à son sujet. Comme le président a une logique interne qui ne correspond pas à la logique conventionnelle, il ne se croit pas obligé de s'expliquer sur une stratégie diplomatique et militaire dont les motivations n'existaient pas, sinon la volonté d'en découdre avec un régime déplaisant. Du haut de sa puissance militaire, il se permet de juger la France, alors que tout observateur impartial est en mesure, aujourd'hui, de porter sur lui un jugement négatif.
Il ne serait pas inutile d'ouvrir les yeux de l'électorat américain sur la nature de leur gouvernement qui, dans ses techniques de gestion, ajoute le mensonge à l'arrogance et à une politique fondée sur le seul exercice de la force. Ce n'est pas aller dans le sens de l'antiaméricanisme que de suggérer aux Américains qu'ils ont autant l'occasion, l'année prochaine, de s'offrir des dirigeants plus propres.
Ce qui est vrai, en revanche, c'est que la chute de Saddam a créé un meilleur climat pour la paix au Proche-Orient : l'outrance et la violence ont remplacé la politique et les Etats-Unis ont voulu administrer la preuve que la haine, en tant qu'élément unique de solution à un conflit, n'est pas viable. Mais pourquoi, dans ce cas, M. Bush n'a-t-il pas dit la vérité toute simple, à savoir qu'il fallait donner un coup d'arrêt au terrorisme international ? Et pourquoi a-t-il entraîné M. Blair dans une imposture ?
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