Jamais de mémoire de « Généraliste » un questionnaire publié dans nos colonnes et sur notre site internet n’aura recueilli en si peu de temps autant de réponses. Plus de 1200. La « médecine de proximité » fait recette. Et si d’aucuns pouvaient se poser la question de l’implication du médecin généraliste en ce domaine, où on aurait pu craindre une lassitude devant la succession des réformes inabouties, mal engagées ou détournées de leur objectif, la réponse est cinglante. La médecine de proximité est avant tout l’affaire des généralistes et ils entendent bien faire entendre leur voix et leur détermination.
Voilà le premier enseignement de cette enquête conduite par notre journal qui va au delà de sa mission d’information et de formation en révélant les mouvements de fond de la profession. Car l’autre évidence de cette consultation en direct, c’est la volonté clairement affirmée des généralistes de jouer le jeu. Ils veulent clairement que cela bouge et, en ce sens, ils font montre d’une modernité et d’un dynamisme qui sera un élément essentiel pour l’avenir. Oui ils sont d’accord (74 %) pour déléguer certaines tâches, certes celles d’ordre administratif mais aussi celles qui concernent des actes médicaux comme la réalisation d’autotests, la mesure de l’INC. Oui (51 %) si une maison de santé pluridisciplinaire s’installait dans la zone géographique ils seraient prêts à la rejoindre.
Mais le problème essentiel des médecins généralistes qui revient comme un leitmotiv dans leurs réponses et surtout dans les commentaires, c’est le manque de rémunération qu’ils placent avant la lourdeur des charges administratives, les contraintes de la permanence des soins ou les exigences des patients. Que cela soit pour la vocation des plus jeunes, la fonction de maître de stage, les remplacements en zone rurale, l’ancienneté ou la formation, les médecins généralistes insistent avec constance sur la nécessité de dégager des marges de manœuvre financières. La réforme que proposera Elisabeth Hubert qui commente dans ce numéro notre enquête ne pourra pas en faire l’économie. « Médecin de 1er recours qui coordonne les soins ». D’accord disent-ils mais à condition de leur en donner les moyens qui sont en réalité limités au regard des 160 milliards des dépenses d’assurance-maladie. Elisabeth Hubert insistera notamment sur deux mesures structurelles : une meilleure formation initiale et une informatisation pour faciliter les échanges entre praticiens, mais il y a urgence dès à présent à investir correctement sur le médecin généraliste.
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