Intoxication oxycarbonée : encore 300 morts par an en France

Publié le 01/11/2001
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Extrapolées des statistiques publiées par le laboratoire central de la préfecture de police d'Ile-de-France, les données épidémiologiques nationales sur l'intoxication oxycarbonée traduisent un progrès : lors des campagnes nationales de 1997, 1998 et 1999, le nombre de décès annoncé atteignait 400 et celui des intoxiqués 8 000 (tous appareils de chauffage et combustibles confondus). Pour la campagne 2001, les quinze partenaires associés (ministères de la Santé et de l'Intérieur, distributeurs d'énergie, constructeurs et installateurs, pompiers et commission de la sécurité des consommateurs) ont révisé les chiffres à la baisse : 6 000 intoxications et 300 morts.
Toutes les catégories de la population sont exposées à ce qui demeure l'une des premières causes de mort toxique accidentelle. Mais les études montrent que la précarité, tant sur le plan financier que sur celui de l'habitat, constitue un facteur aggravant. Les situations exceptionnelles d'intempéries ou de froid doivent être redoutées, comme les périodes de redoux. Et l'étanchéité accrue des logements (double vitrage), l'utilisation de moyens de chauffage de fortune (poêles à pétrole, par exemple) sont à surveiller particulièrement.
Ce sont les jeunes et les personnes âgées qui sont les plus en danger. En fait, comme pour l'ensemble des risques domestiques, les populations dites « fragiles » sont d'abord concernées.
Ces intoxications sont dues à la mauvaise combustion, quel que soit le combustible (bois, charbon, gaz, fioul, essence) et à l'insuffisance d'air et/ou d'aération (pièces calfeutrées, entrées et sorties d'air bouchées). Incolore et inodore, combustible et explosif, le monoxyde de carbone agit comme un gaz asphyxiant. Il est très rapidement absorbé par l'organisme puisqu'il se fixe sur l'hémoglobine, pour laquelle il a une affinité 230 fois supérieure à celle de l'oxygène chez l'homme ; 0,1 % de CO dans l'air tue en 1 à 3 heures, 1 % de CO tue en 15 minutes, 10 % tuent instantanément.
Quand elle est faible, l'intoxication se manifeste par des maux de tête, des nausées, de la confusion mentale. Sa forme aiguë entraîne des vertiges, une perte de connaissance, de l'impotence musculaire, voire le coma.
Des réseaux de toxicovigilance animés par des DRASS, DDASS ou les centres antipoison ont été mis en place ; les services de secours et de soins hospitaliers y participent et dressent notamment un état détaillé pour chaque intoxication. Un sous-groupe de travail a été créé au sein de l'Institut de veille sanitaire (InVS), que préside le Dr Salines, pour proposer une procédure de déclaration des intoxications au CO, procédure qui permettra tout à la fois le signalement rapide de ces intoxications aux services d'enquêtes techniques et le retour d'une information exhaustive à la direction générale de la Santé (DGS).
Le Conseil supérieur de l'hygiène publique de France a, en outre, mis en place un groupe de travail qui associe une trentaine d'experts (représentants des pouvoirs publics, distributeurs d'énergie, fabricants de matériels, professionnels du chauffage) qui planchent sur le diagnostic du risque, la formation des intervenants, l'évolution réglementaire et l'information du public.
La nouvelle campagne est destinée à assurer celle-ci grâce à deux supports, un dépliant tiré à 1 250 000 exemplaires et une affiche qui sera apposée sur 160 000 panneaux à travers la France. Deux messages clés y seront rappelés : « Votre habitation doit respirer » et « Vos appareils doivent être entretenus par un professionnel qualifié et correctement utilisés ».

Ch. D.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7001