Le Temps de la Médecine :
« Le traitement évacuateur des intoxications médicamenteuses a été appliqué de façon quasi systématique pendant de nombreuses années en France. Cependant, ces indications n'étaient fondées ni sur des données cinétiques validées ni sur des études cliniques comparatives. C'est pour cette raison que la conférence de consensus en réanimation et médecine d'urgence organisée par la Société de réanimation de langue françaises en 1992 a préconisé un moindre recours à cette pratique », explique au « Quotidien » le Dr Maryvonne Hayek, médecin spécialisée en toxicologie au centre antipoison de Marseille.
Outre l'avis des sociétés savantes, la prise en charge des intoxications médicamenteuses a aussi bénéficié de deux grandes évolutions des services d'urgences au cours des années 1990. D'une part, la « seniorisation » des urgences a permis que tous les patients soient examinés par un médecin urgentiste habitué au traitement des intoxications médicamenteuses. Avant cette date, les externes et les internes devaient prendre en charge seuls ces patients et, le plus souvent, les infirmières préparaient le matériel pour le lavage gastrique avant même que le patient ait été examiné. L'autre fait influent est la mise en place de services « porte » où une surveillance rapprochée est possible et où une consulation systématique par un psychiatre est organisée.
L'abandon progressif du lavage gastrique a été accompagnée du recours au charbon activé, qui est, lui aussi, devenu systématique dans un premier temps. Utilisé par les Suédois depuis 1980, le charbon activé a obtenu l'AMM en France en 1987. Au milieu des années 1990, la fréquence des lavages gastriques est passée de 70 à 0,5 % des entrées aux urgences pour intoxication médicamenteuse, alors que celle de l'utilisation du charbon activé a évolué inversement. « Après cette période d'excès, les urgentistes sont revenus à une attitude plus sage, note le Dr Hayek : actuellement, dans la plupart des cas seuls des antidotes - s'ils existent - et un traitement symptomatique sont prescrits. »
Ces changements dans la pratique n'ont pas eu d'influence sur l'administration des antidotes, ni sur la durée moyenne des hospitalisations ; en revanche, le nombre de cas où une intubation et une ventilation assistée était nécessaire a sensiblement diminué depuis le début des années 1990. Il faut aussi reconnaître que l'abandon de certaines spécialités médicamenteuses - les barbituriques, par exemple - a permis de limiter le nombre de cas graves.
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