Le syndrome de Brugada, qui est rare, associe une mort subite d'origine cardiaque à un bloc de branche droit et une élévation de ST dans les précordiales droites (V1 à V3). On dispose de rares exemples d'intoxication par les antidépresseurs tricycliques dans lesquelles on a observé des signes ECG mimant ceux du syndrome de Brugada. Ce qui a conduit des Français à évaluer, dans le cadre d'un travail rétrospectif, la prévalence de l'aspect ECG de type Brugada et ses relations avec le décès dans l'intoxication par les antidépresseurs tricycliques.
Ce travail a porté sur 98 intoxications chez 95 patients, survenues entre janvier 1998 et décembre 2001. On a observé un aspect ECG de type Brugada chez 15 patients (15,3 %), alors que sa prévalence dans la population générale est de 0,05 à 0,1 %. Une des patientes a été hospitalisée quatre fois : trois fois pour intoxication aux antidépresseurs tricycliques et une fois pour intoxication avec un autre produit. A chaque intoxication aux antidépresseurs tricycliques, elle a présenté un aspect ECG de type Brugada.
La mortalité globale a été de 3 % (avec deux décès par fibrillation ventriculaire, dont un chez un patient présentant un aspect ECG de type Brugada). Cela dit, le taux de mortalité a été de 6,7 % chez les patients ayant un aspect ECG de type Brugada et de 2,4 % chez les autres.
L'aspect ECG de type Brugada disparaissait quand le taux plasmatique d'antidépresseur tricyclique devenait inférieur à 1 μM/l.
Le syndrome de Brugada est lié à un trouble génétiquement déterminé du canal sodium. Pour confirmer le diagnostic, on a recours à des médicaments bloquant les canaux sodium (antiarythmiques de classe IA ou IC), de façon à aggraver ou à démasquer l'aspect ECG de type Brugada. Les antidépresseurs tricycliques ont la capacité de bloquer les canaux sodium cardiaques.
Certes, indiquent les auteurs, on ne peut pas formellement exclure la combinaison avec une intoxication par les neuroleptiques (un aspect ECG de type Brugada a déjà été décrit dans cette intoxication).
« Tout médecin en charge de patients ayant une intoxication par un antidépresseur tricyclique devrait connaître l'aspect ECG de type Brugada, qui peut être un marqueur du risque de décès », concluent les auteurs.
Dany Goldgran-Toledano, Georgios Sideris et Jean-Philippe Kevorkian (hôpital Lariboisière, Paris). « New England Journal of Medicine » du 16 mai 2002, pp. 1591-1592.
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