La présence d'une importante excrétion virale au niveau du tractus digestif démontre qu'il ne s'agit pas, comme on a pu le supposer, d'un site réservoir ou protégé contre l'immunosurveillance ou l'activité des médicaments antirétroviraux. Les deux présentations attestent de l'importance d'une contamination qui peut avoir lieu au cours d'une relation sexuelle anale.
Pour réduire ce mode de transmission, il conviendrait d'utiliser des antiviraux spécifiquement libérés dans la muqueuse digestive, ou bien de s'assurer que les traitements donnés atteignent des taux thérapeutiques au niveau de ce site.
Relation sexuelle anale
On savait que le tractus gastro-intestinal est un site infectieux ciblé aux premières phases de la contamination et du dérèglement immunitaire, site où les leucocytes muqueux constituent les cibles initiales de la réplication virale.
On a voulu en savoir davantage sur ce point aux autres phases de la maladie. Pour cela, 24 hommes infectés par le VIH ont fait l'objet d'un première étude*, où l'on a mesuré, dans les lymphocytes, les macrophages et les cellules dendritiques de la muqueuse rectale, l'ADN proviral associé aux cellules et les ARN de réplication virale.
Ces sujets avaient tous, quel que soit le stade de l'infection ou le traitement antirétroviral, des stigmates moléculaires d'une réplication virale intense et d'une excrétion virale muqueuse. La plupart des macrophages et des lymphocytes positifs pour le VIH exprimaient le corécepteur CCR5. L'ARN de tat, trouvé dans les cellules productrices du virus, a été détecté en quantité dans les macrophages, tout comme les ARN du VIH.
Le rôle des cellules dendritiques
Les traitements spécifiques ne suppriment pas la réplication virale des muqueuses intestinales, ni l'excrétion du VIH.
L'autre étude souligne le rôle des cellules dendritiques dans la transmission virale**. Comme ces cellules jouent un rôle clé dans la transmission et la pathogénie du VIH, des auteurs se sont penchés sur l'expression de molécules d'adhésion du VIH pour comprendre l'interaction entre le virus et la surface muqueuse. L'étude a été menée in vitro sur des échantillons de muqueuse intestinale de singes Rhésus macaques et d'humains.
Elle montre l'expression de ces molécules au niveau du tiers supérieur de la muqueuse, le rectum étant la muqueuse qui en exprime les taux les plus élevés, et dans l'intégralité de l'épaisseur de la muqueuse.
* S. Brodie et coll. Université de Washington, Seattle.
** B. Jameson et coll. Université de Pennsylvanie, Philadelphie.
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