ENTRE 150 ET 200 personnes se sont rassemblées à Paris, sur l’esplanade des Droits de l’homme, place du Trocadéro, pour dénoncer l’accouchement sous X. La coordination pour le droit à la connaissance des origines (Cadco), qui a organisé la manifestation, voulait interpeller les candidats à la présidentielle pour leur «demander solennellement de supprimer l’accouchement sousX» et les «sensibiliser à la souffrance des enfants sans filiation».
L’accouchement sous X et le secret de la filiation restent une spécificité française en Europe, bien que Paris ait ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant qui proclame «le droit de connaître ses parents».
L’indication du nom de la mère et du père est obligatoire sur l’acte de naissance en Norvège, aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne, en Espagne, au Danemark, au Royaume-Uni, au Portugal, en Slovénie et en Suisse. L’Allemagne et la Suisse considèrent que le droit à connaître ses origines est garanti par la Constitution. En Espagne, depuis 1999, il n’est plus possible d’accoucher dans l’anonymat. En Belgique, le Comité consultatif de bioéthique s’est prononcé en 1998 pour la notion d’ «accouchement dans la discrétion», une formule qui permet la recherche ultérieure de filiation. En Italie, le code civil accorde à la femme le droit d’accouchement anonyme, mais il n’empêche nullement l’établissement ultérieur de la filiation de l’enfant avec sa mère, à l’initiative de l’un ou de l’autre. Dans tous ces pays, les adoptés peuvent obtenir communication de leur filiation d’origine. La législation anglaise va encore plus loin et tente de favoriser les rapprochements entre enfants adoptés et famille d’origine.
Cela étant, en Europe, l’obligation faite aux parents de déclarer leur identité a entraîné «une hausse des abandons sauvages de nouveau-nés, voire d’infanticides», affirme le Comité consultatif national d’éthique français (Ccne). Outre-Rhin, le gouvernement de Bonn a installé en 2004 des « boîtes à bébés » pour protéger les nourrissons. La Suisse a mis en place un système similaire. Et, en Belgique, des réflexions sont en cours sur une loi reconnaissant l’accouchement sous X.
En France, 400 000 personnes sont nées sous X, mais le nombre de ces accouchements anonymes est en constante diminution : 560 en 2004, contre 10 000 dans les années 1970.
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