C'est mieux que rien. Voilà, en substance, la réaction du monde carabin et des internes après l'annonce par le gouvernement de l'octroi de bourses, dont le montant n'est pas déterminé, pour les étudiants qui s'engageront à exercer en territoire rural pendant quelques années.
Certes, les médecins en formation se félicitent de ce que le gouvernement ait choisi « l'incitation plutôt que la répression » pour encourager les plus jeunes à s'installer dans les zones déficitaires. Mais ils mettent en doute l'efficacité de cette seule mesure, si elle n'est pas accompagnée d'un plan d'ensemble efficace pour revitaliser les campagnes. « Il faudra examiner le montant exact des bourses octroyées, explique Amandine Brunon, présidente de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF, qui représente les carabins jusqu'à la fin du deuxième cycle) . Mais le problème de la démographie dépasse largement l'exercice médical, c'est la question de l'attractivité générale des territoires qui est posée. » En clair, les jeunes médecins n'iront pas facilement s'installer dans des secteurs où, par exemple, « il n'y a pas d'écoles pour les enfants ». « Cette carotte peut avoir un effet levier mais je ne me fais pas trop d'illusions », résume Amandine Brunon. Certains font remarquer que la féminisation continue de l'exercice (55 % des étudiants en médecine sont des femmes) ne laisse pas penser que, dans les années à venir, davantage de jeunes médecins choisiront des zones rurales où les visites et les déplacements sont plus importants.
La médecine de campagne méconnue
Les internes en médecine générale affichent également leur réserve. Bien sur, le numerus clausus à l'installation, qui aurait constitué un casus belli, a été évité. Mais l'octroi de bourses, selon eux, n'aura guère d'impact si les carabins ne sont pas sensibilisés très tôt à la médecine de campagne. « Une aide financière donnée en première ou deuxième année ne servira strictement à rien, met en garde Olivier Marchand, président de l'Intersyndicale nationale autonome des résidents (ISNAR) . L'important, c'est de faire découvrir aux étudiants, dès le deuxième cycle, l'exercice libéral en milieu rural car ils ne connaissent que le CHU. » De tout façon, les généralistes en formation attendent de connaître les modalités exactes de la mesure annoncée. Pour bénéficier des bourses, pour combien d'années faudra-t-il s'engager à exercer en territoire rural ? A quel moment de la scolarité les aides seront-elles octroyées ? Y aura-t-il d'autres mesures d'accompagnement ? Autant de questions en suspens. Pour Olivier Guérin, président de l'Intersyndicat national des internes des hôpitaux (ISNIH), « toute mesure incitative est bonne à prendre, mais il faut se méfier aussi des marchés de dupes ».
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