Traitement de première intention dans la SEP

Interféron bêta-1a, Avonex fête ses 10 ans

Publié le 09/04/2007
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MALADIE chronique dont l'évolution se fait sur plusieurs années, la sclérose en plaques (SEP) a une évolution dominée par la progression du handicap au fil du temps, dont les répercussions sur la vie sociale, professionnelle et affective de patients souvent jeunes sont lourdes et parfois dramatiques. Les données de l'histoire naturelle de la maladie en l'absence de traitement montrent qu'il faut environ quinze ans pour que 50 % des patients atteints de SEP arrivent à un niveau de handicap Edss 6 (défini par une marche avec une aide unilatérale, une canne par exemple).

Phase inflammatoire, phase dégénérative prédominante.

Le suivi à long terme de différentes cohortes montre que la maladie évolue en deux temps : une première phase inflammatoire, qui s'étend du début de la maladie jusqu'à l'atteinte d'un niveau de handicap critique dont la durée est très variable en fonction des patients. Au-delà, une deuxième phase dégénérative prédominante caractérisée par une progression constante, inexorable et irréversible du handicap. Ces données soulignent l'importance d'instaurer un traitement de fond actif au cours de la première phase inflammatoire afin de retarder le plus longtemps possible la survenue de la phase dégénérative et l'atteinte de seuils critiques en termes de handicap.

Ayant pris comme objectif principal l'évaluation de l'efficacité d'un traitement de fond sur le handicap (défini par une augmentation supérieure ou égale à 1 point à l'échelle Edss persistante à six mois), l'étude pivot d'Avonex (Jacobs, 1996) est une étude multicentrique de phase III, randomisée et menée en double aveugle ayant inclus 301 patients (158 sous Avonex et 143 sous placebo). Les critères secondaires d'évaluation étaient la fréquence des poussées, les lésions à l'IRM et la tolérance locale et générale. Dans cette étude, les résultats après deux ans de traitement ont montré une réduction significative de 37 % du risque de progression du handicap chez les patients traités par Avonex versus placebo (35 % de progression dans le groupe placebo versus 22 % dans le groupe Avonex, p = 0,02). A deux ans, seulement 5 % des patients traités par Avonex atteignaient un score Edss supérieur ou égal à 4 contre 14 % sous placebo ; de même, seulement 1 % des patients traités par Avonex atteignaient un score Edss supérieur ou égal à 6 contre 7 % sous placebo. Après huit ans de recul (Rudick et coll.), près de 3 patients sur 4 (71 %) traités initialement par Avonex dans l'étude pivot n'ont pas atteint le score Edss > 6 ( versus 58 % des patients traités initialement par placebo dans l'étude pivot). Ces chiffres apparaissent comme particulièrement intéressants à analyser en faisant un parallèle avec l'histoire naturelle de la maladie où 50 % des patients atteignent en quinze ans un score Edss égal à 6. En effet, les patients de l'étude pivot avaient commencé leur traitement en moyenne 6,5 ans après le début de leur maladie. Après huit ans de suivi (soit après quinze ans d'évolution de la maladie), seulement 29 % des patients initialement traités par Avonex atteignent ce score Edss 6.

CHAMPS, puis CHAMPIONS.

Par ailleurs, l'étude CHAMPS (O'Connor P., 2003) a montré l'intérêt de traiter dès la première poussée. En effet, les résultats de cette étude menée en double aveugle versus placebo chez des patients ayant présenté un premier événement démyélinisant ont montré dans la population générale de l'étude qu'Avonex réduit significativement de 44 % le risque de développer une SEP cliniquement définie sur une période de suivi de trois ans. L'efficacité d'Avonex a également été mise en évidence dans la population de patients à haut risque d'évolution vers une SEP cliniquement définie (au moins 9 lésions en séquence T2 et au moins 1 lésion en séquence T1 rehaussée par le gadolinium présente à l'IRM initiale). On observe une réduction de 66 % du risque de développer une SEP cliniquement définie. Ces résultats ont permis l'extension de l'AMM d'Avonex en 2001 avec une nouvelle indication à un stade plus précoce de la maladie chez les patients ayant présenté un seul événement démyélinisant et à haut risque d'évolution vers une SEP cliniquement défini.

Enfin, l'étude CHAMPIONS a confir-mé la persistance du bénéfice observé dans l'étude CHAMPS. En effet, le suivi en ouvert à cinq ans des patients inclus dans l'étude CHAMPS montre une réduction du risque de développer une SEP cliniquement définie de 35 % (p = 0,008) grâce à l'instauration plus précoce du traitement.

Conférence de presse organisée par Biogen Idec, à laquelle participaient les Drs O. Heinzlef (centre hospitalier Poissy - Saint-Germain) et F. Corallo (Biogen Idec).

Avonex en pratique

Parmi les différents traitements de fond de la SEP, Avonex est le seul traitement administré par voie intramusculaire qui ne nécessite qu'une seule injection par semaine.

Ces dernières années, une attention particulière a été portée sur l'amélioration des conditions d'administration avec :

– en 2004 : une seringue préremplie prête à l'emploi (0,5 ml) et une formulation sans albumine humaine ;

– en 2005, Avoclip dispositif d'aide à l'injection d'Avonex ;

– en 2007, Facil'Avo programme de formation à l'auto-injection Avonex.

> Dr BRIGITTE VALLOIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8143