Face à la forte consommation des benzodiazépines en France et face aux risques liés à leur utilisation, la Direction générale de la santé (DGS), la HAS et l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) se sont engagées, en 2012, dans un plan d’action concerté visant à limiter leur consommation et à promouvoir leur bon usage.
En juin 2014, la CT a d’abord réévalué le SMR des benzodiazépines hypnotiques, indiquées dans la prise en charge des troubles du sommeil. Elle a diminué leur niveau de SMR d’« important ou modéré », à « faible ». C’est le tour cette fois des benzodiazépines indiquées dans le traitement des manifestations anxieuses.
Cette dernière conclut que si les benzodiazépines ont un SMR « important » pour traiter l’anxiété, leur prescription ne doit pas dépasser 12 semaines. Or, sur les 7 millions de personnes qui auraient utilisé des benzodiazépines anxiolytiques en 2014, 16 % les utilisaient de manière chronique, parfois même sur plusieurs années, souligne la HAS. Pourtant ces molécules présentent des effets indésirables reconnus ; des troubles de la vigilance, de la mémoire, des chutes, notamment chez les personnes âgées. Des études récentes ont évoqué un lien entre la consommation au long cours de benzodiazépines et la survenue d’une démence. Elles exposent à un risque d’accoutumance et de dépendance psychique et physique. Enfin, sur le long terme, tout arrêt peut être suivi d’un syndrome de sevrage, même à posologie normale.
Aider les patients au sevrage
Avec ce rapport, la HAS a décidé de diffuser une fiche mémo pour « aider les médecins à proposer une stratégie d’arrêt progressif des benzodiazépines, que ce soit dans l’anxiété ou dans l’insomnie ».
L’Agence recommande d’informer les patients, dès l’instauration du traitement, des effets secondaires et des modalités d’arrêt. Les praticiens doivent s’interroger, lors de toute demande de renouvellement du traitement, sur la mise en œuvre d’un arrêt. Ce dernier doit toujours être progressif, sur une durée de quelques semaines à plusieurs mois : « L’arrêt peut même prendre de 3 mois à un an, ou plus si nécessaire », note la HAS.
Pour les patients sous traitement, il s’agit d’évaluer le niveau de dépendance, d’attachement au produit, pour décider ensembles d’une stratégie adaptée pour l’arrêt ou, tout au moins, pour la réduction du traitement. « En accord avec le patient, un protocole pluriprofessionnel de sevrage des benzodiazépines, associant le médecin traitant prescripteur, le médecin spécialiste si présent dans le suivi de la maladie, le pharmacien, l’infirmière du patient et l’entourage, peut être mis en place », précise la HAS, qui ajoute que pour les patients habitués à de très fortes doses, ou en cas de dépendance à l’alcool ou de troubles psychiatriques sévères, une prise en charge spécialisée est nécessaire.
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