Le frottis cervical « classique » a permis de réduire de façon très importante les cancers du col utérin et la mortalité qui leur est liée dans tous les pays où le dépistage organisé a été mis en oeuvre. Néanmoins, même lorsque les programmes sont particulièrement efficients, l’incidence de ces cancers comme la mortalité dans la population testée restent élevées. On sait aujourd’hui que cela tient à la méthode de dépistage elle-même : en effet le frottis manque de sensibilité, de spécificité et de reproductibilité. Sa sensibilité n’est que de 50 à 60 %, autrement dit le frottis n’identifie qu’un peu plus de la moitié des femmes qui présentent une lésion CIN. Plusieurs explications à cette faible sensibilité : prélèvement incorrect, étalement imparfait, préparation cellulaire suboptimale… Heureusement, comme l’explique Euphemia McGoogan (Crawley, Royaume-Uni), l’évolution d’une CIN 3 en cancer invasif est lente si bien que la répétition des tests permet généralement de poser le diagnostic.
Le frottis en milieu liquide, qui consiste à mettre en suspension les cellules prélevées au niveau du col dans un milieu de conservation, résout les problèmes techniques posés par le frottis classique. En effet, le transport est simplifié, la suspension peut être conservée pendant plusieurs semaines à température ambiante, l’excès de sang et de mucus peut être aisément retiré et le nombre de leucocytes diminué. C’est au laboratoire que la suspension qui contient un échantillon représentatif des cellules épithéliales du col est étalée, en une fine couche, sur une lame. Les cellules sont donc mieux préservées et mieux visualisées, et les cellules anormales ne risquent pas d’être « cachées » dans un amas plus épais, comme cela peut se produire en cas de frottis classique avec un mauvais étalement. La lecture est également plus rapide. Autre avantage certain : le frottis liquide permet en outre la réalisation d’un test HPV.
L’ensemble des études publiées ont confirmé l’intérêt de ces nouveaux frottis, dont deux ont été validés et mis sur le marché (SurePath et ThinPrep) : ils diminuent les faux négatifs et les résultats douteux. Leur meilleure valeur prédictive positive améliore le diagnostic des anomalies cytologiques de haut grade. Enfin, une étude britannique a conclu en un rapport coût-bénéfice favorable, par rapport au frottis classique, en termes de vies sauvées. Une méta-analyse publiée en janvier 2006, qui met en cause la supériorité du frottis en milieu liquide, a semé un certain trouble au sein de la communauté gynécologique. Le Dr McGoogan en dénonce les nombreux biais et rappelle donc, dans sa présentation, l’ensemble des données de la littérature en faveur de ce nouvel outil, qui a d’ailleurs été adopté par plusieurs pays comme méthode de dépistage de première intention. Aux Etats-Unis, 80 % des tests cervicaux sont aujourd’hui des frottis en milieu liquide.
Communication du Dr McGoogan, Crawley, Royaume-Uni.
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