En 2001, dix patients insuffisants cardiaques d'origine ischémique ont bénéficié d'une autogreffe de myoblastes au sein du service du Pr Philippe Menasché (chirurgie cardio-vasculaire, hôpital Bichat, Paris). Cette technique a été développée dans la foulée des allogreffes, tentées aux début des années quatre-vingt-dix dans les myopathies. Le concept a d'abord été testé chez l'animal et appliqué chez l'homme grâce à une technique mise au point par Jean-Pierre Marolleau et Jean-Thomas Vilquin. Il s'agit d'une mise en culture qui permet d'obtenir de 800 millions à 900 millions de cellules myoblastiques, chiffre indispensable pour toute tentative de greffe.
En juin, un premier patient âgé de 72 ans a été greffé. Cet insuffisant cardiaque ischémique (deux épisodes d'infarctus) a reçu, dans le cadre d'un double pontage coronarien, une greffe de myoblastes prélevés dans la cuisse et cultivés selon les techniques de multiplication mises au point en France. Depuis, neuf autres patients victimes d'infarctus ischémique (fraction d'éjection ventriculaire gauche d'environ 25 %, zone ischémique akinétique et non viable) ont été traités dans les mêmes conditions dans le cadre d'un essai de phase I qui est actuellement en cours d'achèvement. L'un des patients est décédé de cause non cardio-vasculaire (d'un infarctus mésentérique selon toute vraisemblance) et l'évaluation des résultats a été faite sur 8 patients (l'un des sujets n'est pas évaluable en raison de son surpoids).
Contraction des myoblastes greffés
Le suivi par PET-scan et tomographie montre que les myoblastes greffés se contractent avec le myocarde, par recrutement purement mécanique, via les mécanorécepteurs. Il reste encore à déterminer dans quelle mesure les myoblastes assistent la contraction cardiaque. Pour cela, une étude de phase II va être mise en place dès le début de l'année 2002. Il s'agira d'un essai d'efficacité multicentrique, européen, randomisé qui pourrait concerner une centaine de patients. Dans le groupe des sujets témoins, seul le liquide de suspension des cultures cellulaires sera injecté afin de démonter que l'effet observé chez les premiers patients ne résulte pas du seul effet des injections.
Cette technique ne concerne que les insuffisances cardiaques consécutives à une ischémie, circonstance dans laquelle les injections peuvent être localisées à la zone cicatricielle. Dans les cardiomyopathies dilatées, des injections multifocales paraissent plus difficiles à réaliser et surtout d'une efficacité aléatoire. L'autogreffe semble dotée d'un bel avenir en raison de son coût modique (de 4 à 5 fois moins cher que le pontage) mais son développement se heurte à la limitation technique liée à la préparation des cellules et leur expansion in vitro. Mais, si les premiers résultats se confirment, il est raisonnable de penser que le stade industriel sera très vite atteint.
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