PRATIQUE
L'équilibre sommeil/veille
Avec l'âge, et sous l'influence des « donneurs de temps » qui rythment la vie de l'enfant (alternance jour/nuit, horaires du coucher et du lever, horaires des repas, etc.), l'équilibre sommeil/veille se met en place et devient stable aux alentours de 4 semaines de vie. Si des difficultés persistent au-delà de 6 mois, il est très important de prendre en charge la plainte des parents, de les écouter et de les rassurer.
Agenda de sommeil
La consultation comporte un interrogatoire précis pour apprécier le sommeil de l'enfant et déterminer les causes possibles de ses difficultés. L'évaluation des besoins de sommeil est difficile chez l'enfant, car, comme chez l'adulte, il existe des petits et des grands dormeurs. Cette évaluation sera facilitée par la tenue d'un agenda de sommeil. Cependant, la privation de sommeil doit aussi être évaluée d'après le comportement diurne : un enfant hyperactif, fatigable, irritable, manquera probablement de sommeil. A l'inverse, un petit dormeur sera calme et stable dans la journée.
Circonstances d'apparition
L'interrogatoire des parents recherche les circonstances d'apparition du trouble (naissance d'un autre enfant, entrée en crèche ou à l'école, décès d'un grand-parent, etc.), mais souvent les parents affirment que l'enfant n'a jamais bien dormi.
Conditionnement anormal à l'endormissement
L'organisation de la journée (siestes, donneurs de temps, environnement familial, mode de garde) devra être prise en compte pour apprécier l'influence possible sur les troubles du sommeil de l'enfant. Très souvent, on retrouve un conditionnement anormal à l'endormissement : l'enfant ne sait pas s'endormir seul. Bercé par ses parents, couché dans leur lit, parfois avec un biberon, l'enfant s'endort dans des conditions anormales. Lorsqu'il s'éveille la nuit, ce qui est physiologique, il sera incapable de se rendormir si ces conditions ne sont pas reproduites. Un excès de liquide (> 200 g/nuit) ajoute le phénomène de distension vésicale qui augmentera les éveils.
Retard de phase
Autre étiologie possible, un trouble de l'installation du rythme circadien, fréquemment un retard de phase, est favorisé par des couchers et levers tardifs ou par des siestes trop précoces ou trop tardives. Enfin, certains parents ont peur de dire « non » et d'imposer certaines limites à leur enfant. Cette absence de limites peut aussi être source d'angoisse et d'éveils nocturnes.
Réorganiser
L'attitude à préconiser aux parents est fondée sur le bon sens : apprendre à l'enfant à s'endormir seul, dans son lit, réorganiser les plages de sommeil et de sieste sur 24 heures, lever et coucher l'enfant à heures fixes, savoir dire non en cas de demande excessive de l'enfant. Parfois, une aide psychologique peut être utile aux parents épuisés et dépassés par le cercle vicieux des mauvaises habitudes.
Eliminer une cause organique
Il faudra, bien entendu, éliminer une cause organique (10 % des cas) devant des éveils longs (> 15 min) ou un temps de sommeil diminué (> 2 heures), des éveils de première partie de nuit, un sommeil agité entre les éveils, des troubles du comportement, l'apparition brutale de l'insomnie, des troubles alimentaires, un ronflement anormal, une cassure de la courbe staturo-pondérale. Les étiologies regroupent maladies chroniques (asthme, eczéma, diabète), médications psychostimulantes, troubles psychiques, otites, reflux gastro-œsophagien, intolérance au lait de vache, syndrome d'apnée obstructive du sommeil, retard mental, épilepsie, déficit neuro-sensoriel. C'est uniquement chez ces enfants déficitaires que peut être envisagée une prise de somnifère. En tout état de cause, elle ne devrait jamais être prescrite avant l'âge de 1 an, et uniquement sur des périodes courtes (< 15 jours), avec un arrêt progressif.
D'après la communication du Dr Marie-Josèphe Challamel (unité du sommeil de l'enfant, centre hospitalier Lyon-Sud). Entretiens de pédiatrie et de puériculture, université René-Descartes, Paris-VI.
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