LE PLAN Solidarité grand âge représente «un effort sans précédent», selon le ministre chargé des Personnes âgées. Les organismes du secteur n’en disconviennent pas, même si la plupart auraient souhaité un effort encore plus grand. Mais ils attendent de voir si le financement sera à la hauteur des objectifs.
L’Adehpa, qui regroupe plus de 1 800 directeurs de maison de retraite, est la plus réservée, estimant qu’il faut faire beaucoup plus pour rattraper «les trente ans de retard français».
«Les intentions sont louables mais le financement n’est malheureusement pas à la hauteur de ce qui est annoncé», a pour sa part commenté Claude Evin, le président de la Fédération hospitalière de France. Selon les calculs de la FHF, «il faudrait doubler le financement médico-social prévu pour respecter les engagements contenus dans ce plan». Les créations d’emplois soignants dans les établissements pour personnes âgées très dépendantes impliqueraient en particulier un financement supplémentaire par l’assurance-maladie de 684 millions d’euros par an chaque année jusqu’en 2012. La FHF propose en conséquence que les mesures du plan soient intégrées dans les budgets des établissements dès l’année prochaine, dans le cadre d’une programmation budgétaire pluriannuelle sur six ans.
En prenant en compte l’amélioration du taux d’encadrement, les places supplémentaires à tous les échelons de la prise en charge (soins infirmiers à domicile, accueils de jour, hébergements temporaires, maisons de retraite) et le développement des réseaux, c’est, toujours selon la FHF, un taux d’évolution de l’Ondam personnes âgées pour 2007 de 20,1 % qui serait nécessaire (pour 2006, l’évolution était d’un peu plus de 13 % et l’heure est à la rigueur, selon Xavier Bertrand).
L’Uniopss, qui regroupe les principales associations du secteur socio-sanitaire, estime de même que «le chiffrage du plan ne permet pas d’assurer la mise en oeuvre des objectifs annoncés». «Il y a de bonnes perspectives mais le compte n’y est pas», résume-t-elle dans un communiqué, en regrettant particulièrement «la limitation à 5000» du nombre de nouvelles places par an en Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). «Nous restons sceptiques sur les financements, notamment des rations d’encadrement, et la création de 5000places que nous jugeons insuffisante», renchérit le Synerpa, qui fédère 1 500 établissements privés, par la voix de sa déléguée générale Florence Arnaiz.
30 milliards en 2025 ?
Le «flou» des modalités de financement du plan inquiète également la Fnapaef (Fédération nationale des associations de personnes âgées en établissements et de leurs familles, créée en 2004), qui craint une hausse du tarif d’hébergement, déjà de 1 700 euros en moyenne, selon elle. Tandis que la Fnadepa (Fédération nationale des associations de directeurs d’établissement et services pour personnes âgées) s’interroge sur la mission de réflexion confiée à Hélène Gisserot sur des modalités de financement pérenne : «Une commission rendra sa copie de faisabilité financière seulement début 2007... en pleine période électorale [...] comment financer un tel programme social, alors qu’il apparaît d’ores et déjà de 2 à 3fois inférieur à ce qui avait été chiffré par les professionnels?»
Seule la Fehap (Fédération des établissements à but non lucratif) se veut positive, en voyant dans la mission Gisserot «le gage que la recherche des besoins nécessaires à la pérennité d’une prise en charge de la dépendance est une préoccupation majeure» et en espérant que les mesures promises «pourront être financées à leur juste hauteur».
Dans le rapport remis la semaine dernière au gouvernement, le centre d’analyse stratégique (ex-commissariat au Plan) chiffre à plus d’un million en 2025 le nombre de personnes nécessaires pour s’occuper des dépendants, avec quelque 350 000 postes à pourvoir pour la période 2005-2015.
Le coût global en personnels, quel que soit le financeur, passerait à 13,2 milliards (hors inflation) pour la prise en charge à domicile et à 17,4 milliards en établissement (contre respectivement 4,3 et 9,2 milliards en 2005).
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