« La dame est difficile ». Christian Do Huu, le directeur de cabinet d'Alain Lhostis, adjoint au maire de Paris chargé de la santé et président suppléant du conseil d'administration de l'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) ne mâche pas ses mots lorsqu'il s'agit de décrire la directrice générale de l'AP-HP, Rose-Marie Van Lerberghe, qui a pris ses fonctions en novembre dernier.
Le dernier conseil d'administration de l'AP-HP ne laisse pas présager en tout cas de bonnes relations entre la nouvelle direction et le personnel. Plusieurs administrateurs ont interrompu assez vertement la directrice générale, déçus de découvrir en séance les récentes décisions de leur directrice. Rose-Marie Van Lerberghe leur a en effet annoncé la création de quatre groupements hospitaliers universitaires (GHU) et la modification du décret de 1992, auquel l'AP-HP doit sa spécificité. « Il était assez cavalier de passer si vite sur des choses aussi importantes. Rien n'a été précisé sur le périmètre de ces zones, ni sur les personnes qui seront nommées à leur tête », témoigne l'un d'eux.
Dans un communiqué, Alain Lhostis a tenté de rassurer les troupes. En rappelant d'abord que le maire de Paris, Bertrand Delanoë, avait lui-même réaffirmé en juin 2001, dans son discours d'ouverture de la première réunion du conseil, qu'il présidait, son attachement à l'unité de l'institution. Alain Lhostis a voulu également « assurer le conseil de sa vigilance personnelle sur la garantie de cette unité de l'AP-HP et qu'en particulier, le découpage géographique proposé pour regrouper les hôpitaux ne saurait en aucune façon la remettre en cause ». Il a ajouté que « de telles modifications ne sauraient se faire sans le personnel du siège et notamment de l'encadrement ».
C'est là que le bât blesse. Des représentants de 26 établissements de l'AP-HP ont manifesté à l'issue du conseil d'administration devant le siège de l'AP. « Ils sont à bout, témoigne Christian Do Huu, avant de conclure : nous entrons dans une phase difficile. »
Fabrice Rondepierre, secrétaire général de la CFDT et membre du CA de l'AP-HP est très remonté : « Nous sommes d'accord sur le principe du changement. On le sait nécessaire mais on a l'impression que les décisions qui viennent d'en haut nous tombent dessus, comme ça, sans que l'on ait été consultés. On dirait que cette réforme se fait en dehors de nous. Même si le démantèlement est, à l'AP, un serpent de mer dont on entend parler depuis des décennies, nous avons cette fois de sérieuses raisons de nous inquiéter. Derrière chaque proposition peut se cacher un piège, vu que nous ne savons rien ou pas grand-chose. Nous espérons donc en savoir plus, et rapidement, sur ces restructurations. »
Jean-Marie Sala, secrétaire général du syndicat Sud-Santé AP-HP regrette de la même façon le manque « d'informations concrètes ». « Nous dénonçons cette opacité. On a beau nous dire qu'il n'y aura pas d'échelon supplémentaire, on ne voit pas très bien à quoi ressemblera le schéma général (de l'AP-HP). Nous n'avons aucune précision sur l'avenir des établissements en province et aucune garantie sur le statut du personnel ».
Alain Lhostis qui doit être reçu jeudi par le ministre de la Santé, Jean-François Mattei, va lui demander de prendre clairement position sur ce dossier.
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