«Le médecin libéral est-il au coeur de la réforme?»: la question centrale posée lors des « Tribunes » de la Fédération des médecins de France (FMF), qui se tiennent jusqu'à dimanche à Charenton (Val-de-Marne), résume en partie l'inquiétude qui grignote la médecine de ville depuis quelques mois.
Ballottés depuis la rentrée par un tourbillon de textes aux répercussions incertaines (versions successives du projet de loi Bachelot ; projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) ; nouveau cycle de négociations conventionnelles, la plupart des syndicats médicaux, à tort ou à raison, affichent leur crainte d'une remise en cause des fondements mêmes de la médecine libérale à la française. Tous les tabous d'hier seraient menacés.
La liberté d'installation ? Pour les plus pessimistes, il resterait deux mois à peine pour la préserver face à la volonté de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) et des élus locaux d'imposer des mesures restrictives et contraignantes.
La liberté de prescription ? Elle aurait du plomb dans l'aile comme en témoignent les propos courroucés d'Éric Woerth, ministre du Budget, dénonçant le non-respect des objectifs de maîtrise médicalisée par les praticiens ou le travail «trop lent» de la Haute Autorité en matière de référentiels et d'analyse médico-économique.
Quant à l'exercice libéral de proximité, il serait directement menacé par la vision «étatiste, planificatrice» du projet de loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST). Les critiques ciblent l'éventuelle remise en cause du volontariat en matière de permanence des soins, des schémas régionaux «opposables» ou encorela mise en place d'un arsenal répressif (contre les réquisitions, les refus de soins…).
Même le libre choix du médecin par le patient aurait été égratigné par le durcissement des pénalités financières pour les consultations « hors parcours de soins ». Certains y voyant le premier pas vers un système de « filières » à la britannique.
L'ultime menace concernerait les honoraires en secteur II. Une partie des chirurgiens, qui ont cessé leur activité programmée cette semaine, redoutent un « mauvais coup » qu'il soit conventionnel (secteur optionnel peu attractif) ou législatif (plafonnement du secteur II).
À ce jour en tout cas, le gouvernement n'a pas su apaiser les craintes des libéraux. Mais aucune mesure qui fâche n'est gravée dans le marbre. Le débat parlementaire sera long (sur le PLFSS d'abord, la loi Bachelot ensuite), et la route des négociations conventionnelles sinueuse. D'où l'effervescence actuelle en médecine de ville.
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