De notre correspondant
« J'étais de garde, il était 3 heures et demie du matin et je rentrais d'une visite quand j'ai constaté qu'une voiture me suivait », raconte le Dr Jean-François Bertrand, qui ne s'est vraiment inquiété que lorsque cette voiture s'est engouffrée derrière lui dans la cour de sa maison. Ses deux occupants ont alors fait irruption dans le véhicule du médecin. « Ils m'ont donné des coups de pied dans le ventre et gazé avec leur bombe lacrymogène avant de s'emparer de ma 206 et de s'enfuir avec elle », poursuit le médecin, qui a perdu dans l'aventure sa trousse d'urgence, son ECG et son matériel de réanimation. La voiture a été retrouvée calcinée un peu plus tard dans un autre quartier.
« Je ne sais pas s'ils ont repéré mon caducée avant l'agression, en se disant alors qu'il y avait un butin à saisir, ou si j'ai été suivi et attaqué par hasard », se demande le médecin, qui a porté plainte et ne veut pas se laisser démoraliser par l'agression : « Je suis de garde à nouveau la semaine prochaine ; il n'est pas question de commencer à avoir peur de sortir la nuit ou de s'emmurer », souligne-t-il. Mais il s'inquiète des conséquences que pourrait avoir une telle agression pour une femme enceinte ou, simplement, une victime qui résisterait face à la détermination des assaillants.
Une structure sécurisée
pour les urgences
Cette agression, qui s'ajoute à la longue liste des incidents plus ou moins graves dont sont régulièrement victimes les professionnels de santé strasbourgeois de l'ouverture du véhicule à l'agression caractérisée - pose à nouveau le problème de la sécurité des « blouses blanches » dans une ville confrontée depuis quelques années à une augmentation significative de la délinquance - thème sur lequel a notamment été élue l'équipe de Fabienne Keller au printemps, lors des municipales.
« La situation actuelle est globalement inadmissible », admet le Dr Ludmilla Kalinkova, présidente de l'union régionale des médecins libéraux d'Alsace et, depuis mars dernier, adjoint au maire chargée des affaires sociales et de la santé. Elle souligne que, s'il est impossible de « séparer » la sécurité des médecins de celle des autres citoyens, les premiers sont particulièrement exposés à ces risques. Elle rappelle toutefois que tout médecin en visite peut, s'il le souhaite, se faire accompagner par la police municipale. Elle annonce que la Ville, les hôpitaux universitaires, le conseil général et l'union régionale des médecins libéraux veulent créer une « structure sécurisée d'accueil des urgences médico-sociales » fonctionnant 24 heures sur 24 et qui pourrait contribuer à réduire les risques courus par les professionnels de santé libéraux et hospitaliers lors de leurs services de garde.
Dans l'immédiat, explique le Dr Kalinkova, « la ville a exprimé officiellement son soutien au Dr Bertrand et apporte son aide à toutes les victimes d'agression » ; en réfléchissant aux moyens d'infléchir la courbe de la délinquance à Strasbourg.
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