En marge de la Paris Healthcare Week, les directeurs de la fonction publique hospitalière ont fait part de leurs vives inquiétudes à l’occasion d’un séminaire sur les évolutions de leur profession. Ce rendez-vous des manageurs marquait le point d’orgue d’une concertation lancée en janvier à l’initiative de la Fédération hospitalière de France (FHF), du Centre national de gestion (CNG) et de l’École des hautes études en santé publique (EHESP).
Le débat a brassé plusieurs problématiques clés comme la dimension territoriale du métier de directeur, les perspectives en matière de parcours professionnels ou les nouvelles pratiques collaboratives à développer au sein des établissements de santé. Mais une fois encore, la réforme en cours des groupements hospitaliers de territoire (GHT) et son casse-tête organisationnel a monopolisé les échanges. « Les 135 GHT recouvrent 135 réalités territoriales assez différentes. Attention à ne pas calquer un modèle uniforme », a convenu Clémence Mainpin, directrice d’hôpital et cheffe de projet sur les GHT au sein de la DGOS (ministère). Délégué général de la FHF, David Gruson abonde en ce sens : « Il faut laisser une chance au dispositif d’avancer avec des formes différentes. Nous avons besoin de souplesse et de clarté, notamment au niveau juridique et financier ».
Défaut d'accompagnement
Ce n'est pas le cas pour l'instant. En ouverture du salon hospitalier de la Paris Healthcare Week, Frédéric Valletoux, président de la FHF, a dénoncé la « complexité kafkaïenne des textes mettant en œuvre certaines fonctions mutualisées » au sein des GHT.
Des simplifications statutaires sont attendues. « De nombreux GHT sont assis sur une ou plusieurs directions communes. Cette dimension semble ignorée au regard des enjeux d’accompagnement de nos collègues », constate Jérémie Sécher, président du Syndicat des managers publics de santé (SMPS). « Je souhaite que le nouveau gouvernement adresse des signaux rassurants quant au devenir des dirigeants d’établissements, qu'il sache protéger leurs responsabilités et valoriser comme il se doit les nouvelles responsabilités issues des GHT », plaide Frédéric Valletoux (FHF).
DPC du patron
De l'avis général, cette réforme territoriale – entre mutualisation et restructuration – va redessiner complètement les contours du métier de directeur. « Vous êtes en train de passer d’une logique de structure à une logique de territoire et de santé d’une population donnée. Il faut que vous en preniez toute la mesure », analyse Laurent Chambaud, directeur de l’EHESP qui appelle au passage de ses vœux un véritable « DPC du manager ».
Outre un meilleur accompagnement des autorités, les directeurs attendent une clarification en matière de gouvernance locale. « Si l’on veut que les chefs d’établissement s’engagent dans les GHT sur le chemin de l’intégration, il faut que les ARS soient investies d’une capacité d’arbitrage sur les propositions de recomposition de l’offre de soin, insiste David Gruson (FHF). Sinon, on n’arrivera pas à sortir de la quadrature dans laquelle trop de collègues se retrouvent aujourd’hui enfermés ».
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