Comme toutes les spécialités médicales, l’orthopédie-traumatologie participe activement au progrès de la médecine. Au cours de ces trente dernières années, les patients ont pu bénéficier d’un certain nombre d’innovations. C’est donc sous ce signe, l’innovation, que s’ouvre aujourd’hui la 88e édition du congrès annuel de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (SOFCOT), avec plus de 4 000 participants médecins, plus de 130 exposants et 275 communications particulières. De nombreux prix seront attribués aux meilleures communications et aux meilleurs travaux.
C’est dans cet esprit que nous avons d’abord invité deux acteurs importants de l’innovation : Jean-Paul Laumond, spécialiste en robotique humanoïde et Professeur au Collège de France, et notre confrère Philippe Cinquin, prix CNRS de l’innovation en 2013. Ils seront aussi rejoints par deux responsables de clinique chirurgicale de l’Imperial College, qui fait partie de l’Université de Londres. Créée en 1907, cette faculté (qui comprend une école d’ingénieur et une de commerce, une faculté de sciences naturelles et une de médecine), est l’une des plus célèbres, avec Oxford et Cambridge. Elle est très fortement orientée vers l’innovation et associe étroitement les acteurs des sciences de l’ingénierie et des sciences de la vie. Quatorze de ses professeurs ont reçu un prix Nobel (le plus célèbre est probablement Alexander Fleming, prix Nobel de Médecine en 1945). Nous avons donc invité Roger Emery, responsable de la chirurgie de l’épaule et Justin Cobb, en chirurgie du genou. Chacun dans son domaine a apporté sa contribution à l’innovation technique. Ils nous feront partager leur expérience lors des séances de communications particulières sur le genou et sur l’épaule.
C’est en effet l’innovation de produit qui intéresse prioritairement les orthopédistes. Dans ce domaine on peut individualiser les innovations de rupture (avec un produit qui finit par remplacer une technique, par exemple la photo numérique versus la photo argentique) et de continuité. Celles-ci procèdent par améliorations et incréments graduels successifs des performances de la technologie présente. L’orthopédie-traumatologie moderne vit de ces deux composantes – innovation de rupture et innovation de continuité – et une grande partie du programme de cette 88e réunion en est le reflet.
La prothèse totale de hanche et de genou ont été, en leurs temps, des innovations de rupture. Chacune fait désormais l’objet d’innovations de continuité. Nous en aurons un aperçu très précis au cours de deux tables rondes : l’une axée sur les problèmes de tribologie (usure au niveau du couple de friction) des prothèses totales de hanche ; l’autre sur la preuve d’une valeur ajoutée clinique dans les choix techniques d’une prothèse totale du genou.
Dans un autre domaine, l’arrivée du tout numérique dans l’imagerie médicale a aussi été une innovation de rupture. L’assistance informatisée aux gestes chirurgicaux est une des applications cliniques qui fait l’objet d’une innovation de continuité.
N’oublions pas que l’Académie d’orthopédie-traumatologie est, en premier lieu, responsable de l’organisation de ce congrès annuel, qui constitue le repère majeur et central de notre Société. Il est un lieu d’échanges, de rencontres, de formations et de débats.
L’orthopédie gériatrique sera une autre grande préoccupation du congrès, une séance de communications particulières lui sera réservée le jeudi 14 novembre 2013. En effet si innover consiste, selon moi, à prendre conscience et prévoir des solutions thérapeutiques et organisationnelles nouvelles, face à un certain nombre de défis observés au niveau des populations, celle de la France vieillit, comme dans la plupart des pays occidentaux. De ce fait, les patients que nous prenons en charge sont âgés, fragiles, souffrent de polypathologies et sont polymédicamentés. Leur autonomie et leur qualité de vie sont parfois sommaires.
Sous le terme d’orthopédie gériatrique, on peut regrouper tout ce qui concerne directement les soins péri-opératoires, le traitement chirurgical, la réhabilitation, la prévention secondaire, la recherche clinique et préclinique ainsi que les axes nouveaux d’accompagnement de la personne âgée, lorsque cette dernière est hospitalisée pour une fracture ou une autre affection relevant de l’orthopédie.
L’orthopédie gériatrique implique non seulement les chirurgiens orthopédistes, mais aussi les rhumatologues, les médecins anesthésistes, radiologues, gériatres et spécialistes de médecine physique et réadaptation, ce à quoi on peut ajouter les médecins traitants (en cabinet ou en EHPAD), le personnel soignant paramédical et les services sociaux locaux ou départementaux. La finalité de cette activité se doit d’être multimodale et multiprofessionnelle, le but ultime à atteindre étant la remise en condition sociale du patient âgé.
La fracture de l’extrémité supérieure du fémur représente probablement le type même de pathologie qui est au cœur du dispositif de l’orthopédie gériatrique. Près de 70 000 cas sont traités chaque année en France et probablement plus de 150 000 à l’horizon 2050. La cause principale de cette fracture est la fragilité osseuse, présente dans plus de 85 % des cas.
Le risque de mortalité chez une personne avec fracture pertrochantérienne sur os ostéoporotique est supérieur de 25 % à celui d’une personne de même âge mais sans fracture. Il faut garder à l’esprit que la mortalité des fractures de l’extrémité supérieure du fémur chez le sujet âgé reste élevée, comprise entre 20 et 30 % à deux ans de recul.
L’idée de créer un registre européen des fractures de l’extrémité supérieure du fémur est née très récemment lors du congrès de la société européenne d’orthopédie (EFORT), à Istanbul en juin 2013, dans le but de mettre en place une stratégie de lutte contre la fragilité osseuse et ses conséquences. Sur le plan européen, seuls trois pays ont institué un véritable registre de ces fractures : l’Allemagne, la Géorgie et la Suède. La Grande-Bretagne essaie d’en mettre un au point, et d’autres pays se préparent à le faire : Irlande, Australie, Nouvelle-Zélande, Canada et Chine avec Hong Kong. La SOFCOT envisage de créer un registre français, les travaux préliminaires ont débuté en juillet 2013.
Président 2013 de l’Académie d’orthopédie traumatologie
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