Les Grands Prix 2001 de la Fondation Bayer Santé, dotés chacun de 50 000 F, viennent d'être attribués. Ils vont à Hélène Roy, pharmacienne à Dijon, pour les animations qu'elle a mises en place dans la vitrine de son officine sur des grands thèmes de santé publique (voir encadré) ; et au Dr Jean-Claude George, médecin généraliste à Souilly (Meuse), qui se bat depuis trois ans pour sensibiliser la population et les professionnels de santé au risque croissant lié aux maladies transmises par les tiques.
« Confronté depuis le milieu des années 1990 à un nombre anormalement élevé de syndromes grippaux estivaux dans ma région, j'ai cherché une explication à ce phénomène, explique le Dr Georges. L'étude descriptive de 10 cas cliniques exploitables m'a permis de comprendre que nous étions en présence d'une ou plusieurs maladies transmissibles non contagieuses saisonnières qui concernaient les personnes en contact étroit avec la nature. La morsure de tique, retrouvée dans trois cas, a orienté mes investigations ». Grâce à sa persévérance et son esprit synthétique, le Dr George a identifié en trois ans (parmi les 1 500 patients qu'il suit régulièrement) : 25 borrélioses de Lyme, une coxiellose chronique et 15 syndromes grippaux estivaux parmi lesquels 2 erlichioses granulocytiques humaines et une rickettsiose à Rickettsia slovaca. En raison des contraintes budgétaires les arboviroses n'ont pas été recherchées.
Des maladies à diffusion lente
Les nouvelles rickettsioses sont des maladies à diffusion lente mais inexorable dans le temps et dans l'espace ; elles ont un taux de létalité de 7 à 10 % et nécessitent une détection et une surveillance rigoureuses. Ce qui a conduit le généraliste a alerter les autorités sanitaires, sans grand succès. Pour faire circuler l'information, le Dr George a multiplié les publications et les réunions de formation ; puis il a lancé un site Internet (ifrance.com/maladies-a-tiques). Grâce à un prix de l'Institut Lilly, il a élaboré un cédérom qui a été diffusé aux généralistes meusiens. Et aujourd'hui, le Grand Prix de la Fondation Bayer Santé va lui permettre de poursuivre son action d'information, notamment par la distribution d'affiches et de plaquettes. La remontée de l'information commence à porter ses fruits puisque l'Institut Pasteur de Paris va centraliser les cas de maladies vectorielles à tiques en Meuse durant toute l'année 2002.
La santé publique aux devantures des officines
Partant du constat qu'un pâtissier expose ses gâteaux en vitrine, Hélène Roy a cherché comment présenter en vitrine la mission de santé publique du pharmacien. L'exposition des médicaments prescrits étant impossible, c'est le conseil du pharmacien qu'elle a mis en valeur. Ainsi, elle a créé des vitrines à thème, régulièrement renouvelées, sur la botanique, les morsures de serpents, la nutrition, le tabac, l'alcool, les formes galéniques, les médicaments génériques. Le prix de la Fondation Bayer Santé va lui donner les moyens de développer ce programme d'éducation du public et peut-être de faire des émules. « Les pharmacies offrent 100 kilomètres de vitrines dans France », souligne-t-elle.
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