Les lecteurs de « Prescrire » connaissent la page « Non merci ! » qui présente, rayée de rouge, une initiative qui n'a pas l'heur de plaire aux gardiens du temple de la médecine, selon « Prescrire » (1). Récemment, c'est la campagne de sensibilisation du grand public autour des risques cardio-vasculaires lancée par Pfizer en collaboration avec l'ARCOL qui a eu les honneurs de cette condamnation sans appel.
Gérard Bouquet, vice-président de Pfizer, a réagi, car, selon lui, cette pratique marque « une escalade inacceptable dans les prises de position excessives de "Prescrire"' ». Tout d'abord, en niant le rôle essentiel de l'ARCOL (Comité français de coordination des recherches sur l'athérosclérose et le cholestérol), qui regroupe de nombreux experts hospitalo-universitaires français. Ensuite, cette condamnation dénie aux entreprises du médicament le droit de s'associer à des campagnes de sensibilisation aux enjeux de santé publique importants.
A ce titre, rappelle Pfizer, il faut savoir que chaque année, dans notre pays, 180 000 personnes meurent d'une maladie cardio-vasculaire ; il est par ailleurs scientifiquement démontré que le dosage du cholestérol et la lutte contre l'hypercholestérolémie sont des temps essentiels de la prévention cardio-vasculaire.
Enfin, Pfizer fait remarquer que le corps médical n'est pas hostile à ces démarches puisqu'une enquête effectuée en mars auprès des médecins généralistes montre que 77 % d'entre eux sont favorables à une démarche de communication vers le grand public.
On peut cependant craindre que ces arguments, au demeurant tout à fait convaincants, n'influencent en rien l'attitude de « Prescrire » dans la mesure où la revue écrit clairement : « Ce n'est pas à une firme qui vend un hypercholestérolémiant de sensibiliser le grand public. C'est aux pouvoirs publics et aux professionnels de santé de promouvoir et de dispenser des informations fiables et indépendantes. » Autrement dit, on l'avait bien compris, pour « Prescrire », l'industrie pharmaceutique a l'impérieux devoir de se taire... sauf quand il s'agit de répondre à la revue « Prescrire ».
(1) Une précédente rubrique avait été consacrée à un cahier de FMC du « Quotidien du Médecin ». Des cahiers qui, selon une récente étude IPSOS, arrivent, pris isolément, à la 3e place en audience des titres de la presse généraliste. Fort de cette audience, « le Quotidien du Médecin » n'a pas jugé utile de répondre à une démarche qui relève de plus en plus, on le voit encore aujourd'hui, de l'excommunication, au sens plein du terme.
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