LA RUMEUR envahit Internet et les boîtes aux lettres électroniques : un écolier brésilien serait brutalement décédé après avoir bu une canette d'un célèbre soda sans sucre et avalé un bonbon dragéifié à la menthe d'une marque non moins populaire. Le mélange des deux produits aurait provoqué dans son estomac une réaction chimique entraînant l'explosion de son estomac…
Cette histoire inquiétante, mais totalement fausse, est un des derniers « hoax » à la mode. Il y a quelques années, on l'aurait qualifiée de légende urbaine. Mais aujourd'hui, anglicisation du langage informatique oblige, le terme « hoax » (« canular ») est devenu l'expression consacrée pour désigner les rumeurs, les légendes, les fausses alertes aux virus électroniques et les chaînes de solidarité douteuses qui circulent sur Internet.
Les hoaxes ne sont pas fondamentalement différents des formes orales de légendes urbaines : ils relatent des histoires plus ou moins plausibles, toujours surprenantes et généralement inquiétantes. Ils prétendent alerter au sujet d'informations qui seraient gardées secrètes par les sources officielles.
Cependant, leur caractère électronique confère aux hoaxes certaines spécificités : bien plus faciles à transmettre à un grand nombre de personnes que les rumeurs orales, ils envahissent rapidement les réseaux et provoquent à l'occasion des encombrements pouvant aboutir au blocage de serveurs.
S'ils sont si souvent transférés, c'est qu'ils parviennent àconvaincre de leur véracité grâce à leur forme : fréquemment présentés à la manière de documents officiels, les hoaxes citent presque toujours des sources spécialisées et sérieuses. Ainsi, le message signalant le danger du mélange soda/dragée à la menthe est accrédité par les propos d'Alexandre B. Mergenthaler, professeur-docteur de l'Institut de chimie de l'université de Sao Paulo (USP). Selon le scientifique, «des composants existant dans les produits light, comme l'Acesulfame K INS930 mélangés à l'arôme artificiel contenu dans le bonbon à la menthe, créent une substance fatale, le Ta9V4». Or, aucun professeur-docteur Alexandre B. Mergenthaler n'aurait jamais travaillé à l'USP et le Ta9V4 reste à ce jour inconnu de la communauté des chimistes.
Dans d'autre cas, la source citée existe, mais les propos qui lui sont attribués sont inventés. Ainsi, le site médical caducee.net a formellement démenti qu'un de ses articles ait prétendu qu'il existait un risque d'attraper une leptospirose fulgurante et fatale en buvant directement dans une canette non consciencieusement nettoyée (le hoax en question alerte sur ce péril qui serait lié à la présence d'urine de rat séchée sur les canettes). Et le CDC d'Atlanta n'a rien à voir avec les différents hoaxes avertissant du danger de contracter une fasciite nécrosante en mangeant des bananes importées du Costa Rica.
Photos et vidéos.
Les rumeurs électroniques sont de plus en plus souvent accompagnées de documents, photographies ou vidéos, qui viennent renforcer le propos. L'histoire du petit Brésilien est, par exemple, assortie d'une courte séquence vidéo montrant que l'introduction des bonbons dans une bouteille de soda provoque effectivement une réaction au cours de laquelle le soda jaillit violemment hors de la bouteille. Dans le cas du hoax sur «l'épidémie d'araignée africaine» qui frapperait la Belgique, le message est accompagné de photos de l'araignée dont il est question et des très graves lésions cutanées que provoquerait son venin. Ce hoax avertit qu'en cas de morsure par l'araignée africaine, il faut se rendre à l'hôpital dans un délai de quatorze minutes, sans quoi le seul traitement possible sera l'amputation du membre atteint.
Si, dans certains cas, l'utilisation de terminologies suspectes (comme «épidémie d'araignée») ou des invraisemblances criantes suffisent à identifier un hoax, certaines de ces rumeurs électroniques parviennent à semer le doute. C'est en particulier le cas de celles qui annoncent la circulation de virus informatiques dévastateurs. La meilleure attitude à adopter est alors d'aller vérifier l'information sur un des nombreux sites Internet qui se sont spécialisés dans la traque aux canulars, tels que les sites francophones hoaxbuster.com et hoaxkiller.fr ou les sites américains urbanlegends.about.com et snopes.com. Vous y apprendrez notamment que le mélange soda/bonbon n'entraîne aucune réaction chimique, mais un phénomène physique de dégazage brutal de la boisson. Réaliser l'expérience dans son estomac n'est pas dangereux, mais risque d'entraîner d'importants désagréments gastriques…
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