La fécondation in vitro par injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI) est un traitement recommandé pour l'infertilité masculine ; elle est associée à un taux de succès de 30 % par cycle environ. On estime que, dans le sperme du conjoint, le nombre total des spermatozoïdes et leur mobilité ne jouent pas sur le taux de réussite. Toutefois, une étude publiée en 1999 dans « Andrologia » (Berkovitz et coll.) a suggéré que le succès dépend de la morphologie ultrastructurelle du spermatozoïde. Ce qui a conduit l'équipe de Benjamin Bartoov (Ramat Gan) à voir si la sélection de spermatozoïdes à noyau normal pouvait améliorer les chances de succès.
Un noyau bien ovale à contenu normal
Ils ont employé la méthode MSOME (Motile-Sperm Organelle-Morphlogy Examination), qui permet d'identifier des spermatozoïdes mobiles à noyau normal, celui-ci étant défini par une forme ovalaire avec configuration lisse (grand axe : 4,75 ± 0,28 μm ; petit axe : 3,28 ± 0,20 μm) et avec contenu normal (moins de 4 % du noyau étant occupé par des vacuoles).
Dans le cadre d'un essai préliminaire, les chercheurs ont inclus vingt-quatre couples qui ont bénéficié, donc, d'une ICSI après sélection par MSOME d'un spermatozoïde à noyau normal.
Les critères d'inclusion étaient : âge de moins de 37 ans pour les femmes, plus de trois ovocytes recueillis, diagnostic d'infertilité masculine, au moins cinq cycles consécutifs d'échec après FIV par ICSI « classique » (moyenne : 7,6 ± 2,1 cycles).
Entre les tentatives antérieures et la nouvelle ICSI avec spermatozoïde sélectionné, il n'y avait aucune différence en ce qui concerne : le nombre d'ovocytes recueillis, injectés et fertilisés, le nombre d'embryons transférés et le taux de fertilisation par cycle. Pourtant, le taux de grossesses obtenu avec la nouvelle technique a été de 58 %.
Taux de grossesse : 58 %
Il faut remarquer que chez trois des hommes de l'étude, on n'a pas réussi à isoler de spermatozoïde à noyau normal ; chez eux, l'ICSI a été réalisée avec des spermatozoïdes comportant de subtiles malformations nucléaires ; dans ces couples, aucune des femmes n'a été enceinte.
Parmi les vingt et un couples restants, les taux de grossesse, d'implantation et d'avortement ont été respectivement de 67 %, 47 % et 5 %. Jusqu'à présent, 17 enfants sont nés ; tous sont normaux et en bonne santé.
« Si l'on considère que les chances de grossesse après cinq tentatives consécutives d'ICSI sont inférieures à 3 %, cette étude indique que la belle morphologie du noyau du spermatozoïde est un important facteur de la survie de l'embryon après l'injection intracytoplasmique de spermatozoïde. Ainsi, l'injection intracytoplasmique d'un spermatozoïde présélectionné peut être un traitement efficace pour les couples avec infertilité masculine, chez lesquels la FIV de routine avec ICSI a échoué », concluent les auteurs.
« New England Journal of Medicine » du 4 octobre 2001, pp. 1067-1068.
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