La prévention des infections nosocomiales en pneumologie repose sur deux objectifs : la prévention des complications infectieuses liées au plateau technique et la prévention des risques spécifiques de certaines maladies contagieuses.
Les principaux risques de transmission d'infections nosocomiales liées au plateau technique (essentiellement les endoscopes et le matériel des épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) concernent l'hépatite C, le VIH, les mycobactéries atypiques, les germes nosocomiaux (pyocyaniques et staphylocoques résistants) et éventuellement la maladie de Creutzfeldt-Jakob, comme le précise le Dr Jacques Boyer.
« Les mesures préventives concernant le plateau technique en pneumologie reposent sur l'application du protocole complet de désinfection des endoscopes, le stockage correct du matériel et le respect de la traçabilité à chaque désinfection. Pour la prévention de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, il est actuellement recommandé d'utiliser du matériel à usage unique, notamment pinces à biopsie et brosses, ce qui pose un problème en termes de coût. Pour les techniques quotidiennes d'EFR, il est nécessaire d'utiliser des filtres à usage unique sur les embouts. »
Lors des gestes courants
La prévention des risques spécifiques liés à certaines maladies contagieuses nosocomiales fréquentes (pyocyaniques, staphylocoques) repose sur l'application scrupuleuse de toutes les mesures prophylactiques lors des gestes courants effectués chez les malades hospitalisés (oxygénothérapie, aréosolthérapie, aspirations pharyngées et bronchiques et entretien des canules de trachéotomie).
Face au risque de transmission du pyocyanique (infection nosocomiale numéro 1 en pneumologie), il est impératif d'utiliser des flacons d'eau stérile à usage unique pour chaque malade traité par aérosolthérapie et de les changer tous les jours. Pour les aspirations pharyngées et bronchiques, ce sont surtout les techniques classiques de « non-contact » qui s'imposent, avec le port de gants (non stériles) après lavage des mains et l'utilisation d'une sonde impérativement stérile (par patient et pour chaque aspiration), en changeant les bocaux d'aspiration toutes les vingt-quatre heures. Les patients porteurs de canule de trachéotomie sont de plus en plus rares grâce au développement des techniques de ventilation non invasive au masque, ce qui a permis de réduire considérablement les risques d'infections nosocomiales.
Les infections sur sites veineux implantables (cathéters centraux et veineux) - infections nosocomiales hospitalières les plus fréquentes - nécessitent les mesures classiques de prévention.
Quant aux locaux des services de pneumologie, ils doivent être spacieux et propres, avec un nombre suffisant de chambres permettant l'isolement des malades contagieux. L'aération doit être suffisante, notamment en cas de tuberculose. Un lavabo avec distributeur de savon liquide et un essuie-mains en papier doivent être situés à l'entrée de chaque chambre. Sans oublier la présence de distributeurs de solution hydro-alcoolique sur les chariots de visite des internes et des infirmières, pour la désinfection systématique des mains à la sortie d'une chambre occupée par un malade infecté.
En cas de suspicion de tuberculose, ainsi que dans les quinze premiers jours de mise en place du traitement chez un malade contagieux, les recommandations stipulent l'isolement en chambre individuelle et les différents intervenants doivent être informés du risque de contagion. Le patient doit porter un masque « canard » de haute filtration (spécial BK) lorsqu'il est autorisé à sortir. Le port de ce masque s'applique aussi à toutes les personnes entrant dans la chambre ; elles doivent également se laver les mains avant de sortir de la chambre. La chambre doit être aérée entre cinq et dix minutes toutes les deux heures et désinfectée complètement à la sortie du patient. Il ne faut pas oublier la déclaration obligatoire au service d'hygiène et à la DDASS de la maladie.
Face au risque très élevé de contamination par le VRS, notamment chez les enfants en service de pneumopédiatrie, il est conseillé de les isoler ou de les regrouper entre eux en cas d'épidémie et d'éviter l'hospitalisation des enfants non infectés en période épidémique. Le respect des mesures de désinfection du matériel et des chambres à la sortie des patients s'impose également.
Pour la grippe, les recommandations de la direction des Hôpitaux soulignent l'intérêt de la vaccination chez le personnel soignant et l'isolement des patients atteints de grippe sévère.
La prévention du risque de contamination de l'eau par les légionelles relève de l'hôpital. « Compte tenu de l'absence de transmission interhumaine, remarque le Dr J. Boyer, il n'est pas nécessaire d'isoler les patients. En revanche, la qualité microbiologique de l'eau de l'hôpital doit être surveillée une à deux fois par an au minimum, avec application des précautions d'usage (choc thermique deux fois par an). Les douches sont à éviter chez les patients à risque et la déclaration de l'affection est obligatoire. »
Enfin, la prévention des risques en provenance de patients déjà infectés par les germes nosocomiaux est capitale et doit être rigoureuse. Les pyocyaniques et les staphylocoques résistants étant très contagieux par transmission interhumaine, un certain nombre de mesures préventives s'imposent : isolement des patients en chambre individuelle, signalisation des chambres, lavage des mains avec port systématique de gants, masque, surblouse pour les soins « contact » et prévention des risques de transmission par le sang et les liquides biologiques. Enfin, il importe de respecter le bon usage des antibiotiques à l'hôpital afin de limiter le risque de développement des résistances des germes.
D'après un entretien avec le Dr Jacques Boyer, centre hospitalier de Vienne.
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