REFERENCE
Le cytomégalovirus, qui fait partie de la sous-famille des Herpes viridae ubiquitaires, possède deux propriétés biologiques fondamentales, la latence et la réactivation, qui ont des conséquences cliniques majeures.
Lors de l'infection primaire, le virus répliqué dans les lymphocytes se dissémine par voie hématogène. Le CMV est excrété dans la salive, les larmes, le tube digestif. L'un des modes majeurs de transmission chez la femme enceinte est l'infection au contact du premier enfant en crèche, excrétant du cytomégalovirus, au cours de la vie quotidienne (changement de couches, baisers, partage de linge de toilette ou d'ustensiles de repas).
La primo-infection à cytomégalovirus de la femme enceinte est la situation où le risque pathologique est majeur. Le mécanisme de transmission au foetus est mal connu, mais la contamination se fait principalement par voie hématogène transplacentaire. La contamination ftale survient au minimum deux ou trois semaines après la virémie maternelle. La symptomatologie maternelle est très variable, la primo-infection peut entraîner dans 90 % des cas des manifestations pseudo-grippales accompagnées d'un syndrome mononucléosique (lymphocytose importante et présence de lymphocytes atypiques).
D'autres atteintes sont plus rares : purpura, anémie hémolytique, thrombocytopénie, hépatite, myocardite, péricardite, pneumopathie interstitielle. Souvent, on observe une élévation modérée des transaminases et parfois l'apparition d'anticorps contre des protéines cellulaires (anticorps antinucléaires, facteur rhumatoïde). En revanche, les récurrences ou réactivations sont pratiquement toujours asymptomatiques.
A la suite d'une primo-infection maternelle, le taux de transmission au foetus est de 30 à 40 % (1 % lors d'une infection maternelle récurrente). Le taux de transmission de la mère à l'enfant est identique au cours des trois trimestres, avec cependant des atteintes d'autant plus sévères que la séroconversion s'est produite tôt ; 90 % des enfants infectés sont asymptomatiques à la naissance mais, parmi ceux-ci, 10 % présenteront un développement anormal avec des séquelles neurosensorielles variables, essentiellement à type de surdité. Environ 10 % des enfants infectés présentent à la naissance des signes cliniques d'infection somatique qui peuvent être, à part égale, légère, modérée ou sévère.
Quand la symptomatologie est complète et associe des signes d'atteinte du système réticulo-endothélial et des signes d'atteinte cérébrale, on parle habituellement de maladie des inclusions cytomégaliques.
Néanmoins, l'infection à cytomégalovirus peut être prévenue. C'est dans ce sens qu'une campagne d'information a été lancée fin 2001 par le groupe français CMV et bioMérieux. Il paraît nécessaire de connaître le statut sérologique des mères en début de grossesse (ce qui permettra de rassurer 50 % des futures mères), et de diagnostiquer les séroconversions maternelles en cours de grossesse, bien que des interrogations subsistent concernant le pronostic des foetus infectés. Les enfants en bas âge étant le vecteur principal de contamination par leur salive, leurs larmes, leurs sécrétions nasales ou leurs urines, il est important de souligner le risque prépondérant des femmes non immunisées travaillant dans un milieu pédiatrique, en école maternelle, en crèche, ou mères de jeunes enfants.
Des règles d'hygiène simples et ciblées (lavage fréquent des mains, ne pas partager leurs repas, ne pas utiliser leurs affaires de toilette, éviter de les embrasser sur la bouche, éviter le contact avec leurs larmes ou avec les « nez qui coulent ») doivent permettre d'éviter une primo-infection maternelle pendant la grossesse.
D'après la communication du Dr François Jacquemard (centre de diagnostic prénatal et médecine foetale, Institut de puériculture de Paris, coordinateur du groupe CMV) lors d'une réunion du groupe CMV.
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