L A notion de risque en infectiologie apparaît complexe et multifactorielle, comme l'a bien montré la dernière réunion du GARI consacrée aux infections nosocomiales, terme au demeurant ambigu, aux yeux de certains experts qui préféreraient que l'on parle de malades infectés et qu'ainsi on revienne à des définitions opérationnelles pour dégager de l'ensemble la partie évitable des infections nosocomiales. Le contrôle (plutôt que l'évitabilité) de ces infections passe par la mise en place de systèmes transversaux et verticaux de surveillance des infections fréquentes ou rares, avec mise en jeu d'un système d'information particulier pour les événements nouveaux.
Quoi qu'il en soit la problématique des infections nosocomiales est différente selon l'approche envisagée : médicale, juridique, économique ou épidémiologique. Ainsi, les conséquences juridiques ne sont pas, pour l'instant, en rapport avec les conséquences médicales et économiques, les plaintes indemnisées restent inférieures à 10 par an.
De nombreux exemples
Mais, à côté des infections nosocomiales, l'infectiologie est riche en crises très médiatisées (il n'y a pas de crises sans médiatisation) et plus ou moins réelles : drame du sang contaminé, accès au traitement du SIDA, vaccination contre l'hépatite B, surconsommation d'antibiotiques, menace d'Ebola, tuberculose, listériose, maladies à prions... sans oublier certaines infections particulières ( M. xenopi, légionelloses).
Tous ces exemples permettent de faire émerger les facteurs qui, à coté des données purement médicales, favorisent le développement des crises : bénéfice non évident pour la population, bénéfices inéquitablement répartis d'un progrès thérapeutique ; incertitudes scientifiques et/ou querelles d'experts ; spectre d'une catastrophe (ESB) ; mise en compétition de problèmes médicaux (imaginaires ou non) et de progrès économiques (OGM) ; non-respect des libertés individuelles (mesures coercitives de santé publique, à commencer par les vaccinations).
La nécessité d'une approche globale
Tous ces paramètres doivent être pris en compte pour définir les risques tolérables et pour les présenter de façon claire et transparente. Sinon, le débat se déplace vers le politique, avec remise en cause de la légitimité de l'action publique et des experts. On peut se lamenter sur la partialité des médias et de certains juges ; ce n'est qu'en définissant et en appliquant des options « raisonnables » (aux yeux de la collectivité), en assurant des surveillances efficaces des risques et de l'efficacité des mesures préventives entreprises que l'on rétablira la confiance ; pas sur des déclarations incantatoires. En un mot, il faut promouvoir une démocratie délibératoire et ouvrir l'espace public pour prendre en compte le risque très en amont, estiment les membres du GARI : c'est le seul moyen de rétablir la crédibilité du politique, des experts et des entreprises concernées par la prise de risques.
(1) Séminaire du GARI, organisé par les Laboratoires Aventis
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