Infarctus : première identification de gènes de prédisposition

Publié le 21/11/2001
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L'équipe franco-britannique de « génétique des maladies multifactorielles » CNRS 8090 (Institut de biologie/institut Pasteur de Lille et Barts & the London Genome Center, Londres), dirigée par le Pr Philippe Froguel, vient de mettre en évidence sur les chromosomes 16 et 3 les premiers gènes humains de formes communes d'infarctus du myocarde. Ces travaux, réalisés en collaboration avec l'université de Maurice, et publiés dans « Human Molecular Genetics », confirment les bases génétiques de certaines formes communes d'athérosclérose et contribuent à mieux comprendre les conséquences du syndrome métabolique d'insulino-résistance lié à l'obésité et entraînant un risque élevé de maladie coronarienne prématurée.

Les investigateurs ont choisi de mettre en place leur étude sur la population mauricienne d'origine indienne, l'une des plus touchées au monde par les maladies cardio-vasculaires précoces et par le diabète de type 2. Bien que cette population ne souffre pas à proprement parler d'« obésité » selon les critères d'index de masse corporelle, elle présente les signes du syndrome métabolique d'insulinorésistance qui associe adiposité abdominale, des taux de lipides élevés, un hyperinsulinisme et un risque élevé d'intolérance au glucose et de diabète. Ce syndrome est associé à un risque très élevé d'athérosclérose et de décès prématuré par mort subite.

L'étude de 503 marqueurs génétiques

L'équipe franco-mauricienne a réuni 99 familles indo-mauriciennes dans lesquelles au moins deux personnes sont atteintes de maladie coronarienne et dont l'une avait présenté un infarctus du myocarde avant l'âge de 52 ans. Le génome de ces 535 personnes a été exploré grâce à l'étude de 503 marqueurs génétiques recouvrant l'ensemble des chromosomes humains. Deux gènes de prédisposition à la maladie coronarienne ont été localisés sur le bras court du chromosome 16 et sur le bras long du chromosome 3. Au cours des derniers mois, ces deux régions ont été mises en cause dans la prédisposition au syndrome métabolique pour le chromosome 3 et au diabète de type 2, pour le chromosome 16 dans des populations européennes et japonaises. Ces résultats confirment l'hypothèse selon laquelle le syndrome métabolique, le diabète et la maladie coronarienne précoce ont des gènes de prédisposition communs.
La liaison génétique observée entre la maladie coronarienne et le chromosome 3 correspond à une région du gène ACRP30/adiponectine qui produit une hormone abondamment sécrétée par les tissus graisseux. Des travaux récents (« le Quotidien » n° 6960, 5 septembre 2001) ont démontré que l'administration d'adiponectine recombinante à des souris obèses prévient le développement du syndrome métabolique et les protège du diabète. Le Pr Froguel explique au « Quotidien » que, « des travaux équivalents devraient, à terme, être menés chez l'homme, mais qu'actuellement la plupart des essais menés par la société Genset (« le Quotidien » n° 6853, 9 février 2001) sont plutôt centrés sur la recherche d'un traitement de l'obésité et que les quantités de famoxine (la protéine recombinante produite à partir d'un facteur actif de la protéine ACRP 30) restent très faibles et ne permettent pas la mise en place d'études à large échelle ».

Dr Isabelle CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7015